"On peut féliciter les députés qui ont voté contre" se réjouit une association après l'exclusion de l'huile de palme des biocarburants
Pour France Nature Environnement, l'opinion publique est en train de changer sur ces sujets et cela a provoqué le tollé sur le précédent vote sans débat à l'Assemblée nationale.
"On peut féliciter les députés qui ont voté contre", a réagi vendredi 15 novembre sur franceinfo, Arnaud Schwartz, secrétaire national de France Nature Environnement, après le nouveau vote des députés qui maintiennent l'exclusion de l'huile de palme de la liste des biocarburants. Jeudi soir, les députés avaient voté sans débat un report à 2026 de l'effacement de l'huile de palme de la liste des biocarburants, lors de l'examen du budget 2020. Une décision qui avait provoqué un tollé.
"Si le gouvernement n'avait pas par le biais du préfet autorisé Total à utiliser, à côté de Marseille [usine de La Mède], les trois quarts de l'huile de palme française, on n'en serait pas là aujourd'hui", a-t-il dénoncé.
France Nature Environnement attend les résultats "du recours" en justice que l'association "a déposé en juillet 2018 contre l'arrêté préfectoral qui autorisait l'exploitation du site", de Total.
franceinfo : Quelle est votre réaction après ce nouveau vote des députés qui ont voté contre l'huile de palme ?
Arnaud Schwartz : On peut féliciter les députés qui ont voté contre. On pourra se féliciter au moment où la justice dira ce qu'il en est du recours qu'on a déposé en juillet 2018 contre l'arrêté préfectoral qui autorisait l'exploitation du site. C'est là que ça se joue, c'est à la base. Si le gouvernement n'avait pas par le biais du préfet autorisé Total à utiliser, à côté de Marseille [usine de La Mède], les trois quarts de l'huile de palme française, on n'en serait pas là aujourd'hui. C'est une solution de court terme qui a été choisie pour maintenir ce site alors qu'il y avait d'autres propositions à discuter. Total n'a pas pensé sur le long terme contrairement à ce que le gouvernement devrait faire. Les organisations avec France Nature environnement et ses fédérations régionales et départementales se sont opposées à cette raffinerie reconvertie pour exploiter l'huile de palme.
Il y a selon vous derrière ce nouveau vote la pression de l'opinion publique ?
Depuis septembre-octobre, dans l'opinion publique, il y a quelque chose qui a changé. La plupart des Français dans les sondages à plusieurs reprises ont indiqué qu'ils voulaient moins consommer, mieux consommer. Les opinions sont mûres pour changer à la racine. On a besoin de revoir nos modes de vie, notre façon d'être au monde. Notre mode de vie a aussi des conséquences ailleurs. Ce n'est pas juste pour nous aujourd'hui et demain. C'est aussi pour les autres ailleurs. Les autres, ce ne sont pas que les humains, c'est aussi la nature dans son ensemble dont on fait partie. Les députés le prouvent, car ils ont osé aller à l'encontre du gouvernement. Je suis convaincu qu'Edouard Philippe a pris conscience de certaines choses et qu'il est prêt à faire bouger les lignes. Il a besoin aussi de députés et de citoyens qui les bousculent. C'est pour ça qu'ils ont mis en place la convention citoyenne sur le climat. Voyons ce que ça va donner dans les jours qui viennent.
Des figures comme Nicolas Hulot qui a critiqué ce vote peuvent peser sur les députés ?
D'une façon ou d'une autre ce sont des figures dans lesquelles les députés peuvent se reconnaître, tout comme ils peuvent se reconnaître dans monsieur ou madame X ou Y qu'ils croisent au quotidien dans la rue. Ils se rendent compte que ça change dans la tête et dans le cœur des gens. C'est très émotionnel. On est touchés dans nos tripes par des événements climatiques.
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