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Prix du pétrole : l'Europe "condamnée à vivre" avec des prix plus hauts que lors de la dernière décennie, juge un expert

Patrice Geoffron, professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine et directeur du centre de Géopolitique de l'énergie et des matières premières était l'invité de franceinfo, ce jeudi.

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Photo d'illustration carburant. (MARTIN ROCHE / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

La demande mondiale de pétrole est "plus molle que ce qu'on pouvait anticiper", analyse Patrice Geoffron sur franceinfo ce jeudi, professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine, alors que le prix de l’essence à la pompe est en baisse, à 1,79 euro le litre de gasoil et à 1,74 euro celui d'essence en moyenne en ce moment. Le directeur du centre de Géopolitique de l'énergie et des matières premières juge toutefois l'Europe "condamnée" à vivre avec des prix du pétroles relativement hauts.

>> Carburants : "On va rester dans ces prix jusqu'à la fin de la guerre en Ukraine", estime Olivier Gantois, porte-parole de l’industrie pétrolière en France

franceinfo : Qu'est-ce qui fait que les prix baissent à la pompe en ce moment ?

Patrice Geoffron : Les principaux facteurs expliquant la baisse des prix sont que la dynamique mondiale est moins soutenue que prévue et en particulier en Chine : la demande est plus molle que ce qu'on pouvait anticiper il y a quelques mois. Les effets de la guerre en Ukraine sont aussi plus intenses sur l'évolution du PIB européen que ce qu'ils pouvaient être à la fin de 2021. Côté offre, il y a le fait que les Russes parviennent à "rerouter" une partie prépondérante de leur pétrole vers d'autres marchés, avec d'importantes ristournes certes, mais ce qui fait que les volumes de production mondiaux n'ont pas baissé. Il y a aussi un facteur plus politique, l'éventuel retour de l'Iran sur le marché, si l'accord sur le nucléaire est à nouveau signé. Tous ces facteurs font que le prix s'est affaissé depuis sont plus haut depuis le début de la guerre en Ukraine.

Cette baisse va-t-elle continuer ?

Le seul facteur qui pourrait conduire à une baisse encore plus prononcée serait un effondrement de l'économie mondiale. On n'est pas totalement à l'abri de ce type de scénario, qu'on a expérimenté en 2020, et le prix du pétrole était pratiquement à zéro. Mais c'est la seule éventualité qui pourrait mener cette baisse de prix à continuer. Nous sommes sans doute condamnés, en Europe, à vivre avec des prix du pétrole qui sont certes plus bas que ce qu'ils ont pu être en début d'année, mais sont plus hauts que ceux qu'on avait à la fin de la décennie 2010.

Comment lutter contre ces prix hauts ?

La situation démontre la limite des outils qui consistent à appliquer une ristourne pour tout le monde. Cela pose déjà un problème d'équité car tous les consommateurs sont concernés et par ailleurs, cela pose la question du moment : on va se retrouver avec une ristourne de 30 centimes en septembre à contre-temps du contexte dans lequel elle avait été débattue au parlement. La seule solution est finalement de ne pas mener des ristournes encore plus élevées ou un blocage des prix qui serait délétère pour les finances publiques, mais plutôt d'accélérer la transition énergétique et organiser notre société pour faire face à cette situation.

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