Rentrée du gouvernement : un "casse-tête budgétaire" à moins d'un "tour de vis supplémentaire"
La rentrée gouvernementale s'effectue dans un contexte économique serré.
La rentrée du gouvernement mercredi 22 août a été marquée par le Conseil des ministres. Cette deuxième année du quinquennat qui démarre devrait être marquée par plusieurs réformes. Le plan pauvreté, hôpital et loi Pacte sur les entreprises. Si la volonté politique d'Emmanuel Macron reste intacte, le gouvernement, lui, va devoir faire avec une conjoncture en berne. La croissance n'est pas au rendez-vous.
Pour Mathieu Plane directeur adjoint du département Analyse et Prévisions de l’OFCE, invité de franceinfo mercredi, la croissance, qui devrait être "autour de 1,7%, sera certainement un casse-tête budgétaire". Selon lui, "des mesures plus favorables au soutien au pouvoir d'achat", d'ici la fin d'année devraient "dynamiser la consommation". Mais pour Mathieu Plane, la baisse du déficit "à 2,3% en 2018 devient très compliqué à moins d'un tour de vis supplémentaire", au risque de "casser la reprise et la croissance".
franceinfo : Est-ce que la croissance devrait rester en berne ?
Mathieu Plane : Ce qu'on peut dire c'est qu'elle sera moins bonne que ce qui était prévu. 2%, comme le prévoyait le gouvernement, ne sera pas atteint. Il y a eu un trou d'air plus marqué que ce qu'on pouvait attendre sur les deux premiers trimestres. Même si on va assister à une forme de reprise sur la fin d'année, avec des soutiens au pouvoir d'achat, on voit que ce sera insuffisant pour compenser le mauvais début d'année. On devrait avoir une croissance autour de 1,7%, ce qui sera certainement un casse-tête budgétaire.
Est-ce qu'on est face à un trou d'air ou est-ce que c'est durable ?
Nous, on a la vision d'un tour d'air. L'environnement international est moins bon qu'il y a six mois. On voit la hausse des prix du pétrole. On le voit sur le prix à la pompe. On voit que la politique commerciale agressive du côté de Trump créé des incertitudes assez fortes. On voit la mise en place du Brexit, où il y a des incertitudes. Cela veut dire qu'on ne devrait pas rester à un rythme de 2% de croissance. Il y a quelque chose de particulier à la France, ce sont les mesures fiscales qui ont été adoptées. On voit que le trou d'air a été plus marqué que chez nos partenaires européens. On voit que le choc fiscal est arrivé sur le premier semestre : hausse de la CSG, hausse de la fiscalité indirecte. Il y a eu un choc très fort et très négatif sur le pouvoir d'achat au premier semestre. En revanche, il y a des mesures plus favorables au soutien au pouvoir d'achat, notamment la taxe d'habitation, la deuxième tranche de baisse de cotisation sociale, la revalorisation de certains minimas sociaux. Cela fait que nous aurons un soutien au pouvoir d'achat en fin d'année. Cela devrait dynamiser la consommation, qui est le moteur principal de l'activité.
Est-ce que la France pourra tenir ses objectifs de réduction du déficit ?
C'est là où cela va être très compliqué. Les objectifs qui était donnés de réduire le déficit avec l'objectif de passer à 2,3% en 2018 devient très compliqué. À partir du moment où vous n'avez pas 2% de croissance, et plutôt 1,7%, vous avez moins de revenus, moins d'activités, donc moins de rentrées fiscales. Forcément votre déficit va être plus élevé. La seule solution pour tenir les engagements serait de faire un tour de vis supplémentaire et de réduire encore plus la dépense publique que ce qui est prévu. Le risque est que ce trou d'air devienne durable. À ce moment, vous faites des politiques d'austérité. Il faudrait aller encore plus loin au risque de casser la reprise et la croissance. Et sans croissance vous avez un problème d'activité et d'emploi, c'est à dire du chômage, donc c'est un vrai casse-tête.
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