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Inflation : Familles rurales dénonçent les marges "inacceptables" des industriels et distributeurs

L'association estime également que la loi Descrozaille est en effet à revoir, comme le demande Michel-Édouard Leclerc. Cette loi est "juste un scandale", estime Nadia Ziane, sa directrice du département consommation.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les prix baissent mais pas assez, selon Familles rurales (photo d'illustration). (ROMAIN BERCHET /RADIO FRANCE)

Nadia Ziane, directrice du département consommation de l'association Familles Rurales, a estimé lundi 6 novembre sur franceinfo que "certaines marges" des industriels et distributeurs "sont inacceptables". Dans l'espoir de faire baisser plus rapidement les prix dans les rayons, le gouvernement a donné jusqu'à début janvier, au lieu du 1er mars, la fin des discussions entre les professionnels du secteur. "Tous les tarifs" demandés par les industriels "sont à la hausse", a affirmé lundi sur franceinfo Michel-Édouard Leclerc. "On attend de Michel-Édouard Leclerc, non pas qu'il nous dise que les industriels vont augmenter leurs prix, mais de savoir lui ce qu'il va faire pour rendre plus accessibles ces produits dont chacun a besoin pour être en bonne santé", a rétorqué Nadia Ziane. Après une très légère baisse entre août et septembre, le recul des prix s'accentue, selon le panier de courses franceinfo. 37 produits du quotidien, alimentaires et d'hygiène, coûtent désormais en moyenne 108,51 euros. C'est 1,10 euro de moins qu'il y a un mois. "C'est une bonne nouvelle", a réagi Nadia Ziane, mais elle doute que cela suffise pour que "les ménages puissent de nouveau s'alimenter correctement".

franceinfo : Cette baisse des prix, même légère, reste une bonne nouvelle ?

Nadia Ziane : C'est effectivement une bonne nouvelle que de voir les prix baisser maintenant. La question qu'il faut se poser, c'est quel impact sur le pouvoir d'achat des ménages ? Quand votre panier coûte 1 euro de moins, est-ce que cet euro de moins suffit pour que les ménages puissent de nouveau s'alimenter correctement ? La réponse est très clairement non. On est face à une augmentation des prix du carburant sur l'année, et encore entre septembre et octobre, donc les familles doivent faire des arbitrages. Très souvent, la variable d'ajustement des ménages dans les dépenses contraintes, c'est l'alimentation. Cette baisse est une bonne nouvelle. Enfin elle est là ! Le gouvernement nous l'avait annoncée à plusieurs reprises. La question qui demeure, c'est comment permettre à chacun d'accéder à une alimentation saine.

Selon Michel-Édouard Leclerc, huit industriels sur dix s'apprêtent à demander des hausses dans le cadre des négociations avec les distributeurs. Que peut faire le gouvernement ?

Il y a un levier que le gouvernement n'a pas encore actionné, c'est le levier de la marge que se font aujourd'hui les industriels et les distributeurs. Familles rurales attend aujourd'hui qu'on redéfinisse des prix plus justes. Les consommateurs pourraient payer bien moins cher les fruits et les légumes. Les producteurs pourraient bien mieux gagner leur vie si la grande distribution faisait un effort sur ses marges. Ce sont des chiffres publics incontestables. On attend de Michel-Édouard Leclerc, non pas qu'il nous dise que les industriels vont augmenter leurs prix, mais de savoir lui ce qu'il va faire pour rendre plus accessibles ces produits dont chacun a besoin pour être en bonne santé.

Vous estimez que ces hausses ne sont pas toujours justifiées ?

On veut comprendre. Certaines récoltes ne vont pas être exceptionnelles sur certains fruits et légumes, donc ça va automatiquement faire augmenter le prix. Quand ces hausses nous sont expliquées et justifiées, on peut les comprendre. Maintenant, ce qu'on ne pourrait pas comprendre, c'est que le prix des pâtes continue d'augmenter, par exemple, quand la matière première baisse. On nous dit que les industriels ont encore augmenté leurs prix sans expliquer les raisons de ces augmentations. Ça ne peut que nous inquiéter et on ne peut que redire qu'il faut faire un effort sur les marges et sur la transparence de la constitution d'un prix pour atteindre un juste prix et faire accepter aux consommateurs certains prix.

Les industriels et les distributeurs se rejettent la faute des hausses de prix. Qui est responsable, selon vous ?

Ce qu'on sait dans les chiffres publics auxquels nous avons accès, c'est que de toute évidence, qu'il s'agisse des industriels comme de la grande distribution, certaines marges sont inacceptables. L'Autorité de la concurrence elle-même a pointé le fait que l'inflation était due en partie à ces marges, à ces profits, à ces superprofits qu'ont réalisés industriels et distributeurs. Ce qu'on demande, c'est finalement assez logique puisque la crise ne doit pas profiter à certains acteurs au détriment des consommateurs.

Michel-Édouard Leclerc se dit prêt à aller en justice contre la loi Descrozaille qui encadre les promotions de certains produits non-alimentaires. Vous le soutenez ?

On trouve à la loi Descrozaille plusieurs inconvénients, et notamment cette histoire de seuil de revente à perte. C'est le fait d'obliger un distributeur à avoir une marge d'au moins 10% sur le prix de revient des produits qu'il achète. C'est juste un scandale. La loi Descrozaille a revu le seuil de revente à perte pour les fruits et légumes. Le prix des fruits et légumes aurait dû baisser puisqu'en fait les distributeurs n'ont plus à faire cette marge de 10%. Or, le prix des fruits et légumes n'a pas baissé. Donc, oui la loi Descrozaille est à revoir, mais maintenant les efforts les plus importants doivent être réalisés sur les produits les plus sains pour notre santé.

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