Accord UE-Mercosur : "L'idée, c'est de le renégocier pour faire en sorte qu'il devienne acceptable", explique l'eurodéputé Pascal Canfin

La France est "la seule à dire non, le compte n'y est pas", affirme Pascal Canfin, jeudi 1er février sur franceinfo.
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Pascal Canfin, eurodéputé Renew, président de la commission environnement du Parlement européen, le 1er février 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"L'idée, c'est de le renégocier pour faire en sorte qu'il devienne acceptable", a expliqué jeudi 1er février sur franceinfo Pascal Canfin. L'eurodéputé Renew, président de la commission environnement du Parlement européen, faisait allusion à l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et plusieurs pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), alors que les agriculteurs français poursuivent leur mouvement.

Un entretien entre Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est prévu jeudi matin à Bruxelles au sujet du "futur de l'agriculture européenne". Il doit notamment être question du traité avec le Mercosur. Lundi, l'Elysée a avancé que les négociations avaient été interrompues en raison de l'opposition de la France. "Notre compréhension c'est que (la Commission) a bien instruit ses négociateurs de mettre fin aux sessions de négociation qui étaient en cours au Brésil", a précisé la présidence française. "Les discussions continuent", a ensuite affirmé le porte-parole de la Commission européenne, en reconnaissant néanmoins que les conditions n'étaient "pas réunies".

"Pour des raisons agricoles et pour des raisons climatiques et biodiversité, on ne va pas signer un accord avec le Mercosur."

Pascal Canfin, député européen Renew

sur franceinfo

"C'est un rapport de force. La plupart des autres gouvernements sont favorables au Mercosur, que ce soit les socialistes espagnols, que ce soit la droite nordique" et la France est "la seule à dire non, le compte n'y est pas", affirme Pascal Canfin. "Je pense qu'on est encore en capacité de gagner cette bataille", assure-t-il en appelant au "pragmatisme" et à "ne pas être dans une posture idéologique", c'est-à-dire "dire oui à n'importe quel accord commercial ou non à n'importe quel accord commercial".

Canfin favorable à plus de clauses miroirs

"Parfois, ça peut être notre intérêt" de signer un accord de libre-échange "y compris dans le domaine agricole", insiste le député européen. Pascal Canfin comprend toutefois les agriculteurs qui dénoncent une concurrence déloyale. Il est favorable à l'application de clauses miroirs pour imposer les mêmes exigences aux produits importés. "Il y a cinq ans, quand on a commencé notre mandat au Parlement européen, il n'y en avait aucune. Dorénavant, le bœuf canadien, brésilien, américain qui est soigné avec ses traitements antibiotiques, ne peut plus rentrer en Europe. C'est ce qu'on appelle une concurrence équitable. On le fait aussi pour néonicotinoïdes", vante Pascal Canfin. "Ça progresse", "on les gagne produit par produit, culture par culture", poursuit-il.

Toutefois, l'élu estime qu'il "serait démagogique de dire qu'on va le faire demain pour tous les produits" parce que "vous auriez des étals de supermarchés vides". Il y aurait "des conséquences pour nous, consommateurs, qui ne seraient évidemment pas appréciées et acceptées".

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