"Aujourd'hui, on a 'make pesticides great again' !" : les élus écologistes scandalisés par la mise en pause du plan Ecophyto

La suspension du plan Ecophyto, annoncée jeudi par le gouvernement, fait bondir les écologistes. Pour les Verts, c'est une preuve de plus de l'inaction climatique du chef de l'Etat.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
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Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-les Verts, conseillère régionale des Hauts-de-France, novembre 2023. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

La mise en "pause" du plan Ecophyto scandalise à gauche. Ce plan, dénoncé par les agriculteurs, visant à baisser de moitié l'utilisation des pesticides d'ici 2030, est donc suspendu "le temps de mettre en place un nouvel indicateur" pour mesurer l'usage de ces molécules. Annonce du gouvernement de Gabriel Attal, jeudi 1er février, pour mettre fin à la crise qui s'est emparée du monde agricole. 

Une "hypocrisie monstrueuse" pour les écologistes, qui estiment qu'il ne reste plus rien du slogan d'Emmanuel Macron pour l'environnement, le  "make our planet great again" de 2017. "Aujourd'hui, on a 'make pesticides great again'", grince le député écologiste Julien Bayou, qui ne décolère pas. "L'eau, même minérale désormais, est polluée par les pesticides : c'est monstrueux de dire que c'est la faute de l'écologie." 

"Plus il y a des pesticides, plus il y a de cancer de la prostate chez les agriculteurs, plus il y a de maladie de Parkinson, et plus les nappes phréatiques en eaux profondes sont polluées."

Julien Bayou, député écologiste

à franceinfo

Un "drame" pour la biodiversité et pour la santé, assure la patronne des écologistes Marine Tondelier : "C'est un moment de lâcheté. On a un gouvernement qui a décidé de ne plus protéger l'eau, de ne plus protéger la terre, de ne plus protéger la biodiversité, ni même notre santé. Mais ce n'est pas avec ça que nos agriculteurs gagneront plus, ce qui est leur principale revendication et leur principal problème." D'après Marine Tondelier, "les agriculteurs ne gagnent pas avec cette mesure, mais nous, on perd tous ! Tout le monde est perdant, donc je pense que c'est une annonce assez catastrophique."

"Un recul inacceptable", appuie la tête de liste écologiste aux européennes, Marie Toussaint. Elle avait d'ailleurs, avec plusieurs associations, provoqué cette décision de justice qui contraint l'État à corriger sa trajectoire d'ici au 30 juin, à baisser l'utilisation des pesticides et à protéger les eaux. Cette pause du plan Ecophyto est donc, selon elle, totalement illégale.

"Recul sur recul en matière environnementale"

Beaucoup d'écologistes ironisent sur les réseaux sociaux, rappellent des phrases prononcées par Emmanuel Macron comme "ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas". Le président fait tout l'inverse, d'après la députée Insoumise Aurélie Trouvé : "Recul sur recul en matière environnementale. Je me souviens du président Macron qui disait 'Make the planet great again'. Il vient d'annoncer un très, très grave recul du point de vue de l'environnement, alors que les agriculteurs sont prêts à relever ce défi de l'agroécologie. Il faut juste leur en donner les moyens."

La gauche avait déjà pointé, lors d'une commission d'enquête parlementaire, le manque d'efficacité de ce plan Ecophyto, le manque d'investissements. Le socialiste Dominique Potier en était le rapporteur.
Pour lui, aujourd'hui, c'est un coup de massue : "Je ressens une immense tristesse. C'est plus qu'un recul, c'est une bascule. Et je peux même dire que c'est une dérive illibérale. Le signal qui est donné aujourd'hui, c'est de donner l'illusion qu'il suffit d'un rapport de force pour arrêter l'effondrement de la biodiversité, pour arrêter les impacts sur la santé, pour arrêter le dérèglement climatique."

Dans l'entourage du Premier ministre, on veut rassurer : il s'agit simplement "de mise à l’arrêt jusqu'au Salon de l'agriculture" pour "reprendre un certain nombre de points de méthode. Il n'y a pas de remise en cause de l'importance de baisser la consommation de phytosanitaire. (…) La direction reste la même".

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