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Il se mobilise contre "la haine anti-flics" : "Les collègues travaillent la peur au ventre"

Fonctionnaire de police à Clermont-Ferrand, Pierre* participera à la manifestation des policiers, mercredi 18 mai.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des policiers face à des manifestants anti-loi Travail, le 12 mai 2016 à Lille. (MAXPPP)

"On est confronté à des situations de plus en plus violentes." A 52 ans (dont trente de service dans la police nationale), Pierre* en a ras-le-bol. Comme nombre de ses collègues, ce fonctionnaire qui travaille en brigade de nuit à Clermont-Ferrand a décidé de répondre à l'appel du syndicat Alliance, dont il est adhérent, et d'aller manifester à Lyon, mercredi 18 mai. Objectif : dénoncer "la haine anti-flic".

Alors que de violents incidents ont opposé forces de l'ordre, manifestants et casseurs depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail, plusieurs organisations syndicales ont décidé de rejoindre l'appel lancé par Alliance.

"A Clermont-Ferrand, nous avons eu trois blessés"

"Nous subissons en permanence des injures, qui vont des insultes classiques aux menaces du type 'je vais te faire la peau, attaquer ta famille'. C'est récurrent de voir ça. Les collègues travaillent la peur au ventre", témoigne Pierre.

Mais ces dernières semaines, ce sont surtout les violences physiques ayant émaillé les manifestations contre la loi Travail qui l'ont convaincu de manifester. Selon les autorités, pas moins de 300 policiers et gendarmes ont été blessés. A Clermont-Ferrand, en marge du mouvement Nuit debout, "nous nous sommes retrouvés avec trois blessés. Deux collègues de la BAC (brigade anti-criminalité), notamment, ont été blessés. Ils devaient procéder à une interpellation, ils se sont retrouvés avec une échauffourée".

Lui-même a été blessé en juin 2015, à l'occasion de la Fête de la musique : "L'homme que je devais interpeller m'a donné un violent coup de poing. Bilan : sept fractures de la pommette et quinze jours d'arrêt de travail. La personne qui m'a agressé a été condamnée à neuf mois de prison avec sursis [assortis d'une mise à l'épreuve] et trois mois de port de bracelet électronique. Elle est donc dehors", souligne-t-il. "Est-ce que vous imaginez le cas inverse ? Le policier est radié de ses fonctions, et jeté en pâture sur la place publique !" 

"Les images des réseaux sociaux, c'est fait pour nous desservir"

A la crainte des agressions se mêle, selon lui, celle des sanctions au moindre faux pas : "Les policiers ont peur d'être sanctionnés en permanence. Il faut vouvoyer les gens, avoir son matricule apparent... On est confronté à des situations de plus en plus violentes, sachant qu'on est la police la plus contrôlée d'Europe".  

En cas de problème, on craint toujours les réactions de la hiérarchie, de la justice. On a peur d'être mis en porte-à-faux.

Pierre, policier à Clermont-Ferrand

à francetv info

Et de citer, aussi, la pression des médias et d'internet : "Si l'on prend l'exemple des violences à Nantes, qu'est-ce qu'on a vu sur les télés et les réseaux sociaux ? Pas les cinq heures pendant lesquelles les policiers se sont pris des pavés dans la figure, mais juste les quelques minutes où ils sont intervenus. Si l'intervention se passe mal, on est immédiatement mis en cause. Ces images-là, c'est fait pour nous desservir."

Et puis "on est quand même la police la plus mal payée d'Europe alors qu'on est aussi celle qui travaille le plus", déplore Pierre. Au bout de trente ans de service, lui, brigadier de police dernier échelon, dit gagner 2 300 euros mensuels. Dont 200 euros pour ses heures de nuit. "On fait rire tout le monde, avec ce tarif... Même les hôpitaux !" 

"Quand est-ce qu'on montre les policiers qui font de bonnes choses ?"

Au-delà de la violence, verbale ou physique, de la pression ou du salaire, Pierre regrette aussi et surtout la brièveté de "l'effet Charlie".

Après les attentats de janvier 2015, tout le monde nous a aimés. Ça a duré huit jours.

Pierre, policier à Clermont-Ferrand

à francetv info

Le brigadier réclame au moins davantage de considération, et notamment dans les médias. "Quand est-ce qu'on montre les policiers qui font de bonnes choses ? C'est vrai qu'il y a des collègues qui dérapent, concède-t-il. Mais c'est une goutte d'eau dans la mer."

*Le prénom a été modifié.

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