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"Ce n'est pas que je n'ai pas envie de travailler !": la réforme à venir de l'assurance-chômage inquiète les bénéficiaires

L'exécutif donne, mercredi en Conseil des ministres, le coup d'envoi d'une nouvelle réforme visant à répondre aux difficultés de recrutement en faisant varier les conditions d'indemnisation des chômeurs selon la conjoncture, une idée catégoriquement rejetée par les syndicats. Et qui fait grincer les principaux concernés.

Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un panneau Pole emploi, à Montpellier. (PASCAL GUYOT / AFP)

Le projet de loi sur l'assurance-chômage arrive devant le Conseil des ministres mercredi 7 septembre, avec pour objectif de renouveler pour un an supplémentaire le système entré en vigueur en 2021, mais dont l’application avait été repoussée à cause du Covid-19.

>> Réforme de l'assurance chômage : quelles sont les intentions du gouvernement ?

Le gouvernement a ensuite l'intention de lancer une réforme de l'assurance-chômage qui ferait évoluer les règles d'indemnisation en fonction de la conjoncture : les conditions d'accès au chômage et la durée d'indemnisation seraient restreintes quand la conjoncture s'améliore. Ce qui inquiète les bénéficiaires.

"735 euros par mois, c'est un peu juste"

Ce qui revient dans les propos, c'est qu'il ne faudrait pas toucher au montant des allocations. Comme pour Maeva, par exemple : à 27 ans, elle travaillait dans la restauration avant de démissionner pour se reconvertir dans la couture. Depuis le mois de janvier, elle est au chômage. "Moi, je gagne 735 € par mois, indique-t-elle. Et je trouve ça un petit peu juste. Ce n'est pas que je n'ai pas envie de travailler, c'est que je suis en réorientation professionnelle. Je pense qu'il est bien de s'intéresser aux personnes avant de s'intéresser à ce qu'elles coûtent à l'État..."

C'est effectivement important de respecter le choix des personnes et pas seulement d'orienter vers les métiers en tension, confirme un conseiller Pôle emploi croisé devant son agence. "C'est vrai que parfois, déplore-t-il, il y a des incitations à aller dans des domaines qui sont moins reluisants, ce n'est pas aussi simple..."

"La politique qu'on aimerait bien appliquer, c'est quand même de faire en sorte que les gens puissent faire ce qu'ils veulent..."

un conseiller Pôle emploi

à franceinfo

D'autant que même dans les secteurs en tension, l'adéquation entre l'offre et la demande n'est pas si évidente. Par exemple, Gérard, 56 ans, a quitté le chômage avant d'avoir épuisé tous ses droits pour retravailler dans l'aide à domicile : "J'avais le droit à 442 jours exactement mais je ne gagnais pas assez d'argent, j'étais à moins de 1 000 euros, alors il fallait bosser. Je travaille pour une société qui fait de l'aide à domicile et finalement ça me plaît bien. Mais la seule chose qui cloche, c'est les 112 heures par mois : je pleure pour faire un temps plein et on me dit que ce n'est pas possible. J'arrive à un âge où j'ai beaucoup de refus, alors que je me sens capable."

Pour d'autres, le travail rapporte toujours plus

Les réformes, Saïd, senior lui-aussi, a du mal à suivre. Mais ce peintre en bâtiment, âgé de 59 ans dit que le travail, de toute façon, rapporte toujours plus que le chômage. Lui ne le touche qu'entre deux contrats précaires. "Au chômage, je viens toucher au mois d'août 1 000 euros. Mais je préfère travailler en intérim: j'ai été intérimaire, j'étais en CDD, j'ai un rythme de vie, je travaille, je gagne plus, je préfère. J'ai 59 ans quand même, alors pour moi, le principal, c'est de travailler."

Dans la réforme lancée par le gouvernement, il ne serait pas question de toucher au montant des allocations, mais à la durée de versement dans les périodes ou le marché de l'emploi se porte mieux. Les syndicats sont unanimement opposés à cette réforme qui ferait évoluer les règles selon la conjoncture.

"Ce n'est pas que je n'ai pas envie de travailler !": la réforme à venir de l'assurance-chômage inquiète les bénéficiaires - le reportage de Mathilde Imberty

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