Face au spectre de la "smicardisation", pourquoi une "conférence sociale" sur les salaires semble-t-elle nécessaire ?
Le dernier décompte du ministère du Travail date de fin août : sur les 171 branches professionnelles répertoriées en France, 80 affichent des salaires minimaux en dessous du salaire minimum, soit donc presque la moitié d'entre elles. C’est encore beaucoup, mais début mai, après la dernière revalorisation du smic dont le montant a été porté à un peu plus de 1 383 euros nets mensuels, on était carrément à 147 branches.
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En fait, leur nombre fluctue justement au gré des hausses du smic, elles-mêmes calculées en fonction de l'évolution de l'inflation. D'où la proposition, voire l'exigence, des syndicats d'une augmentation automatique des minimas de branches dès que le smic est revalorisé pour qu'ils ne puissent jamais se situer en dessous. Un débat tout de même un peu théorique puisque seules deux branches sont toujours restées en dessous du smic depuis 2021 et que, légalement, aucun salarié ne peut être payé moins que le smic.
Les patrons circonspects sur l'idée d'une conférence sociale
Emmanuel Macron a ouvert la voie, lors de sa réunion la semaine dernière avec les chefs de partis, à la prochaine tenue d'une "conférence sociale" devant porter "sur les carrières et les branches professionnelles situées sous le salaire minimum". Si le contexte de l’inflation joue évidemment, au-delà, il y a une forme d'inquiétude, exprimée d'ailleurs publiquement par Bruno Le Maire, d'une "smicardisation" de la société. En clair, comme les augmentations du smic rattrapent en quelque sorte les grilles de salaires de nombreuses branches, même des salariés avec plusieurs années d'ancienneté, qui ne sont pas à l'échelon le plus bas, se retrouvent eux-aussi payés au niveau du smic et ont le sentiment de voir leur carrière stagner sans jamais progresser.
Pour autant, le ministre de l'Économie ne veut pas entendre parler d'une indexation des salaires sur l'inflation comme le demande, par exemple, la CGT en raison du risque, selon lui, que les entreprises ne puissent pas suivre et préfèrent licencier. Un point d'accord avec la position du Medef et des autres organisations patronales qui se montrent assez réservées, voire méfiantes, à l'idée de cette conférence sociale.
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