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Agriculture et alimentation : "Le projet de loi est en deçà des espoirs et des attentes"

L'Assemblée nationale poursuit ce week-end l'étude du projet de loi Agriculture et alimentation. Un texte qui ne répond pas aux attentes, selon Guillaume Garot, l'ex-ministre délégué à l'Agroalimentaire.

Article rédigé par franceinfo
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Guillaume Garot, député Nouvele Gauche de la Mayenne et ex-ministre délégué à l'Agroalimentaire, présent à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2018 (MAXPPP)

L'Assemblée nationale examine depuis mardi dernier le projet de loi "pour un équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable" porté par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert. Plus de 2 300 amendements ont été déposés. Interrogé par franceinfo, Guillaume Garot, député Nouvelle Gauche de Mayenne et ex-ministre délégué à l'Agroalimentaire (2012-2014), estime que ce projet de loi projet "est en-deçà des espoirs et des attentes" notamment "sur la question de la qualité de l'alimentation".

franceinfo : Quel est votre sentiment après les premières discussions sur le projet de loi Alimentation à l'Assemblée nationale ?

Guillaume Garot : Il y a le sentiment d'une déception  par rapport à aux propositions des états généraux de l'Alimentation à l'automne dernier avec le rassemblement de tous les acteurs pour porter des propositions nouvelles pour notre agriculture et notre alimentation. Force est de constater que le projet de loi qui est présenté par le gouvernement est en deçà des espoirs et des attentes issus des états généraux de l'alimentation. Ce projet de loi permettra-t-il de redonner du revenu aux agriculteurs ? Nous sommes beaucoup à en douter. Tant que l'on n'aura pas une régulation des marchés au plan européen, on ne pourra pas redonner du revenu aux agriculteurs. Il y a certes des avancées dans le texte, il faut le reconnaître, et c'est souvent à l'initiative des parlementaires, notamment sur l'encadrement des promotions. C'est important qu'on redonne de la valeur à l'alimentation, parce qu'il y a du travail derrière : celui des agriculteurs, des producteurs, des transformateurs. Tout cela, nous avons réussi à le mettre dans le texte. En revanche, sur la question de la qualité de l'alimentation, le projet est extrêmement timide. On doit réfléchir à la façon dont on peut améliorer la qualité de notre alimentation.

Comment doit-on gérer le poids des lobbys ?

Avec beaucoup de distance, même si c'est normal quand on est député qu'on soit sollicité par tel ou tel, par des organisations, des ONG, des syndicats. Mais il faut pouvoir porter la voix de l'intérêt général. Moi, j'ai réuni les citoyens dans mon département, en Mayenne, dans des ateliers pour entendre leur parole. Ils ont fait des propositions que je verserai tout au long du débat qui nous occupe à l'Assemblée nationale. C'est une façon très efficace de résister au poids des lobbys. Je porterai des propositions sur l'éducation à l'alimentation mais également sur la publicité de l'alimentation pour les enfants, pour qu'on soit beaucoup plus strict là-dessus. Ce sont des idées très concrètes. Elles viennent des citoyens et elles nourrissent utilement le débat.

Que pensez-vous de cette affaire révélée par Delphine Batho sur son amendement qui aurait été transmis à l'Union des industries phytosanitaires "90 heures avant" les députés ?

Si les faits sont avérés, c'est scandaleux. Il y a eu une première enquête qui a été menée au sein de l'Assemblée nationale. (...) Pour autant ce qui est important c'est que les parlementaires gardent leur libre arbitre, c'est fondamental. Il faut aujourd'hui être encore plus vigilant que par le passé. Moi, les lobbys, je les connais, j'ai eu dans le passé à les observer de très près. Mais ce qui compte, c'est de garder la vision de l'intérêt général et le cap de ses convictions.

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