: Reportage "On prépare l'avenir" : face au changement climatique, la culture de céréales méditerranéennes gagne du terrain en Bretagne
En 2020, Rémy Gicquel s'est séparé de son cheptel, une cinquantaine de vaches laitières. Installé à Saint-Gonnery, dans le centre de la Bretagne, l'agriculteur a décidé de se consacrer exclusivement aux céréales. Si, dans un premier temps, il explique avoir "cultivé les cultures qui se font historiquement en Bretagne, tels que du blé, de l'orge, du colza, du chanvre, du sarrasin...", petit à petit, "pour compléter la gamme, on essaye de faire des nouvelles cultures comme du petit épeautre, du tournesol, des lentilles...".
Historiquement, la lentille n'est pourtant pas une céréale répandue en Bretagne : "Non, c'est surtout dans la moitié sud de la France. Mais de plus en plus, il s'en cultive plus au Nord parce que la météo évolue et parce que la demande du consommateur évolue aussi", poursuit l'agriculteur.
Le choix n'a pas été fait au hasard, Rémi Gicquel a pu se baser sur les expériences menées par la chambre d'agriculture de Bretagne. À une trentaine de kilomètres existe la ferme expérimentale de Kerguéhennec, où l'on teste notamment l'adaptation du pois chiche à la région. "C'est dans le cadre d'un projet sur l'adaptation des cultures au changement climatique", confirme Caroline Cocoual, chargée d'études auprès de l'institution. "On teste différentes variétés de pois chiches, explique-t-elle, avec certaines qui sont plus précoces et plus adaptées au secteur pédoclimatique [ensemble des conditions climatiques qui affectent un sol] de la Bretagne. On est sur des microparcelles de 15m² qu'on répète quatre fois pour pouvoir faire des tests statistiques dessus."
"Prendre des risques avant les agriculteurs"
Le but est de définir si le projet est viable, explique le directeur de la ferme expérimentale, Yvon Lambert : "On prépare l'avenir. La station est là pour prendre les risques avant les agriculteurs donc on teste des nouvelles technologies, de nouveaux systèmes de culture. Une fois qu'ils sont validés sur différentes cultures, on les propose, on les conseille auprès des agriculteurs. Donc on teste le pois chiche et on teste la lentille."
Le pois chiche est aussi une illustration d'un souhait de s'adapter à une évolution du climat. À l'heure actuelle on est un peu juste en termes de "somme de température", mais à terme, dans quelques années, elle sera peut-être adaptée.
Yvon Lambertà franceinfo
Les essais de la ferme durent six ans et portent sur une quinzaine d'espèces végétales, pour mieux anticiper l'avenir.
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