Vidéo "Ce sera dur, mais au moins, je serais heureux !" : malgré la crise et les difficultés, Maxime veut son exploitation agricole

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Malgré les difficultés rencontrées par le milieu agricole, qui ont abouti à la crise de janvier 2024, Maxime Laluque, 23 ans, veut lancer sa propre exploitation pour pratiquer l'agriculture qui lui correspond.
"Ça sera dur, mais au moins, je serais heureux !" : malgré la crise, Maxime veut son exploitation agricole Malgré les difficultés rencontrées par le milieu agricole, qui ont abouti à la crise de janvier 2024, Maxime Laluque, 23 ans, veut lancer sa propre exploitation pour pratiquer l'agriculture qui lui correspond. (OLIVIER CHAUVE / FRANCEINFO)
Article rédigé par Olivier Chauve
Radio France
Le début de l'année 2024 a vu s'exprimer au grand jour les difficultés de l'agriculture française. Pourtant, malgré la morosité du secteur, certains jeunes font le choix de s'installer. Reportage dans le Lot-et-Garonne.

"Ça ne nous fait pas plaisir de foutre 44 tonnes de choux sur la route, ça ne fait plaisir à personne. Mais on ne ferait pas ça, on ne serait pas regardés". Si Maxime Laluque, 23 ans, ne s'est pas rendu sur les blocages mis en place par les agriculteurs, il comprend leurs revendications. "Des coûts de productions trop élevés, des normes qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde et des retraites mal calculées et pas assez rémunératrices", liste le jeune homme. Un tableau noir, alors qu'une nouvelle génération d'agriculteurs est attendue pour assurer la souveraineté alimentaire de la France : dans moins de dix ans, un exploitant agricole sur deux aura l'âge de prendre sa retraite

Maxime, lui, est déterminé à s'installer. Dans un verger de prunes d'Ente, au cœur du Sud-Ouest, dans le département du Lot-et-Garonne, à quelques encablures d'Agen et de ses pruneaux, mais aussi de sa préfecture, assaillie des jours durant par des agriculteurs venus crier leur colère, le jeune homme présente l'exploitation qu'il souhaiterait reprendre. "La plus grande partie, ce sont 11 hectares de prunes d'Ente, ensuite, il y a le kiwi, 8 ou 9 hectares de céréales et un peu de maraîchage".

Cette reprise se ferait hors cadre familial, car comme précise le jeune homme originaire des Landes, "je ne suis pas du tout originaire du milieu agricole, ma mère étant cheffe d'entreprise et mon père commercial"

C'est la passion des tracteurs qui a conduit Maxime Laluque vers le monde agricole, alors que ses parents n'en sont pas issus. (OLIVIER CHAUVE / FRANCEINFO)

La passion de Maxime s'est révélée très tôt. "Dès que j'ai su écrire, j'ai dessiné des tracteurs. Dès le départ, mon oncle m'a appris à conduire son tracteur, c'était incroyable". Il goûte peu aux études générales et se dirige vers un bac pro maintenance des machines agricoles, avant d'entamer un BTS productions horticoles. Puis, il trouve un emploi d'ouvrier agricole chez Legum'land, qui produit dans les Landes des carottes pour Primeale sur des centaines d'hectares, qu'il documente avec humour sur son compte TikTok. Comme lui, ils sont 250 000 salariés agricoles en France, de la petite ferme à une grande entreprise comme Maxime. Un statut qui leur garantit un revenu à la fin du mois, entre 1 400 et 1 800 euros nets pour le jeune homme, contrairement aux 400 000 exploitants agricoles que compte le pays. 

Alors pourquoi se lancer dans cette galère ? "C'est un petit peu la sécurité, mais ce n'est pas vraiment l'agriculture que je veux pratiquer pour moi et mon avenir", défend Maxime. Lui, mise sur le fermage pour commencer, c'est-à-dire le paiement d'un loyer annuel, pour l'utilisation des terres, des bâtiments et de l'équipement de production. "C'est onéreux, et c'est vrai que se lancer comme ça, reprendre tout ça, le faire tourner, ça fait un peu peur !"

"Quand on y pense, reprendre une exploitation aujourd'hui, avec toutes les contraintes, et toutes les difficultés qu'il y a ce n'est pas forcément le meilleur choix. Mais bon, par passion, on va le faire quand même !" 

Maxime Laluque

à franceinfo

Et pour illustrer les difficultés à affronter, l'ouvrier agricole détaille : "La prune d'Ente a été ramassée en août, et elle ne sera payée en totalité qu'à la fin du mois de juin 2024, c'est échelonné. Les charges, elles, sont déjà tombées." Pour la seule taille du verger, il faut par exemple débourser près de 12 000 euros. "Des fois on ne dort pas, des fois on stresse. Ça me fait peur, ça fait peur à mes parents. J'ai peur de ne pas pouvoir en vivre correctement. On est comme tout le monde, on veut avoir le frigo plein, on veut partir en vacances..."

Malgré tout, en 2022, d'après la Mutualité sociale agricole, le nombre de nouvelles installations est légèrement reparti à la hausse (+ 1,6%), en atteignant 14 132 nouvelles exploitations, dont un tiers menées par des femmes. "J'espère qu'il y aura des choses qui auront changé [quand je m'installerai], mais je ne ferai rien d'autre dans ma vie, ça je le sais. Je ne veux pas travailler dans une entreprise pendant cinquante ans. Je veux faire mon exploitation, mon type d'agriculture, et si ça sera dur, ça sera dur. Ce n'est pas grave, mais au moins, je serai heureux, ça je le sais", affirme Maxime.

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