Affaire Théo : "Les faits sont établis, ils sont graves et justifient la saisine d'une cour d'assises", selon son avocat
Pour Me Antoine Vey, en demandant le renvoi de trois policiers par une cour d'assises, le parquet de Bobigny reconnaît que "Théo est victime de violences policières en réunion très graves".
Le parquet de Bobigny a indiqué, mercredi 6 octobre, avoir demandé que trois policiers soient jugés par une cour d'assises pour "violences volontaires" à l'encontre de Théo, ce jeune homme noir d'Aulnay-sous-Bois, grièvement blessé lors de son interpellation en 2017. Un non-lieu a été demandé pour le quatrième policier mis en cause.
"Les faits sont établis, ils sont graves et justifient la saisine d'une cour d'assises", a réagi mercredi sur franceinfo maître Antoine Vey, l'avocat de Théo. "Le parquet suit la même lecture des faits que Théo depuis le début de cette information judiciaire, à savoir que Théo est victime de violences policières en réunion très graves, puisqu'elles sont qualifiées de manière criminelle", souligne l'avocat.
"Il y a ce qu'on appelle en droit un préjudice permanent qui justifie par essence la saisine d'une juridiction criminelle." Antoine Vey explique que "les faits, quand ils causent un préjudice permanent, on comprend qu'ils sont d'une gravité toute particulière". Le renvoi aux assises s'expliquent aussi par le fait que les faits "sont commis en réunion par des dépositaires de l'autorité publique".
La qualification de viol aggravé non-retenue
"On est heureux que l'on se profile vers un procès", souligne l'avocat de Théo, "parce que cela fait trop longtemps que dans ce dossier, il y a eu des fausses rumeurs, des fausses informations qui ont été véhiculées. Aujourd'hui, on a une décision claire, déterminée et qui est une étape vers le procès".
Faute d'éléments suffisants, le parquet n'a pas retenu la qualification de "viol aggravé". Il demande que les fonctionnaires soient jugés pour "violences volontaires". "La question de la requalification, c'est une question technique, mais qui ne remet absolument pas en cause ce qu'a déclaré Théo", estime Antoine Vey. Il rappelle que "c'est le parquet et le juge d'instruction qui avaient retenu la qualification de viol".
Une nouvelle "épreuve judiciaire" difficile à assumer
Théo "a vécu deux épreuves", tient à souligner son avocat. "La première, ce sont les violences dont il a été victime. La deuxième, c'est la médiatisation de ce dossier et une tentative permanente de ternir, à la fois ce qu'il est, sa famille, son milieu social, voire même mettre en avant sa couleur de peau, comme s'il était non-victime parce qu'il était issu de ce milieu." Antoine Vey ajoute que Théo a "particulièrement mal vécu le fait qu'on puisse soutenir qu'il y avait une raison à cette interpellation, ce qui est faux, ou qu'on puisse remettre en cause la gravité des violences dont il a été victime".
Avec le procès qui s'annonce, "c'est une épreuve judiciaire qui n'est pas à son épilogue. C'est très difficile pour lui d'assumer cette procédure". Antoine Vey reconnaît enfin que "dans ce dossier, la victime a toujours été suivie par l'autorité judiciaire. C'est encore le cas aujourd'hui". Mais il pointe "le décalage entre la médiatisation de ce dossier et sa réalité. Nous, nous sommes arc-boutés sur la réalité des faits, sur le dossier et on souhaite juste que la justice soit faite le plus rapidement possible, avec une sévérité exemplaire au regard de la gravité des faits et des conditions dans lesquelles ils se sont déroulés".
Théodore Luhaka a été grièvement blessé, en février 2017, lors d'un contrôle à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Il avait reçu un coup de matraque dans la zone anale qui lui a causé une infirmité permanente. Son interpellation avait provoqué une vague de tensions dans la ville et dans d'autres communes. François Hollande, président de la République, s'était même rendu au chevet du jeune homme à l'époque pour calmer les esprits.
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