: Vidéo "Docteur, je préfère m'en aller avant vous" : des patients à leur médecin de famille qui ne trouve pas de remplaçant
Patrick Laine exerce en Haute-Saône depuis près de quarante ans. Il aimerait bien partir à la retraite mais il ne trouve pas de successeur. A l’origine d’une pétition pour lutter contre les déserts médicaux, il estime "qu’on nous prend vraiment pour des guignols et qu’on n’écoute pas"… Extrait du magazine "13h15 le dimanche" du 7 avril 2019.
Le docteur Patrick Laine est un médecin de famille qui exerce en Haute-Saône. Ce généraliste, qui partirait bien à la retraite après trente-sept ans d’activité, a lancé une pétition pour lutter contre la désertification médicale : "Demandons aux jeunes médecins généralistes d’effectuer leur première année professionnelle en territoire sous-médicalisé". Elle est adressée à la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn ainsi qu’aux présidents des groupes parlementaires.
Dans son cabinet, ses patients peuvent la signer. Et ici, tout le monde y a apposé son paraphe. Monsieur le maire en premier. Ce dernier vient ce jour-là le consulter "pour une mauvaise grippe qui ne passe pas". Le médecin en profite pour lui donner une information : "J’ai reçu à midi un document de la secrétaire de mairie de Villers-sur-Saulnot. Il y a eu un amendement proposé : un stage obligatoire pour les étudiants avant l’internat, c’est-à-dire en début de sixième année, soit six mois dans les zones sous-dotées médicalement. La réponse de madame Buzyn, c’est que c’est une solution simpliste."
"Je ne me soignerai plus puisque personne ne viendra me soigner"
"Je suis en colère parce qu’on nous prend vraiment pour des guignols et qu’on n’écoute pas", dit le docteur Laine au maire. Alors comment ce dernier voit-il son territoire quand son médecin n’aura plus le choix et qu’il devra partir sans avoir de remplaçant qui se présente ? "Bien sûr que c’est dramatique. Je pense que cela va aggraver aussi le taux de mortalité et de maladies graves, avec ce manque de soins."
"Il y a beaucoup de gens qui me disent : 'Docteur, je préfère m’en aller avant vous, parce qu’après, je ne me soignerai plus puisque personne ne viendra me soigner. Et à ce moment là, que se passera-t-il ? Eh bien, quand je serai trop malade, j’irai à l’hôpital, et j’irai pour mourir'", se désole ce médecin de campagne, s'improvisant tour à tour généraliste, gériatre, pédiatre… en fonction du cas, ce confident de tous les maux depuis tant d’années au chevet de ses patients.
Extrait du magazine "13h15 le samedi" (replay) du 7 avril 2019.
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