A la manifestation contre la réforme du Code du travail, Macron cible favorite des "fainéants"
Dans le cortège parisien, le président de la République a cristallisé toutes les attaques. Et sa déclaration sur les "fainéants" a inspiré de nombreux manifestants.
S'il avait voulu chauffer à blanc les manifestants contre la réforme du Code du travail, Emmanuel Macron ne s'y serait pas pris autrement. En déclarant depuis Athènes, le 8 septembre : "Je ne céderai rien, ni aux fainéants ni aux cyniques ni aux extrêmes", le chef de l'Etat a offert sur un plateau quantité de slogans lus et entendus lors de la mobilisation nationale du mardi 12 septembre.
Le "fainéant" de Macron est très très repris dans les pancartes #Greve12septembre pic.twitter.com/jGoUEOK6rJ
— Vincent Daniel (@VincentDanie_l) 12 septembre 2017
Guillaume est clair. #Manif12septembre #Greve12septembre pic.twitter.com/6HgfyzhL84
— JB Semerdjian (@JBSemerdjian) 12 septembre 2017
"Je suis fainéant", revendiquent des militants CGT, pancartes noires et écritures blanches autour du cou, une déclinaison du "Je suis Charlie". "Trop fainéant pour trouver un slogan", s'amuse le jeune Guillaume. Quant à Julia, 30 ans, qui alterne CDD et période de chômage, elle prévient : "Attention, ici, fainéant, cynique, extrême". "Il fallait tourner en dérision cette provocation de Macron", explique-t-elle. Echaudée, la jeune femme poursuit : "Le cynique, c'est lui. Il prend le peuple pour des ignares."
Julia, 30 ans, alterne CDD et chômage, elle a peu goûté le "cynisme de Macron" #Greve12septembre pic.twitter.com/XxyLpVwmEA
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"Fainéants de tous les pays, unissez-vous !"
"Les fainéants prennent une journée sans solde pour vos ordonneries !" prévient la pancarte d'un trentenaire, fièrement gréviste et en lutte contre les ordonnances destinées à modifier le Code du travail. Près du stand de La France insoumise, installé le long du cortège parisien, on peut lire : "Le roi est nul". Elus et cadres du parti (Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danièle Simonnet, Eric Coquerel...) sont au micro. Ils chauffent les manifestants en scandant : "Macron, t'es foutu, les fainéants sont dans la rue". Succès garanti. Un peu plus loin, la foule chante : "Fainéants de tous les pays, unissez-vous !"
La France insoumise s'en donne à cœur joie sur les fainéants #Greve12septembre pic.twitter.com/Pve2eKtgHp
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Le contraste est saisissant avec les manifestations de 2016, quand la ministre du Travail, Myriam El Khomri, était la tête de Turc des manifestations contre la loi Travail. Cette fois, Muriel Pénicaud est épargnée, et c'est le président de la République qui concentre toutes les attaques. Ses précédentes déclarations polémiques sont détournées, amplifiant l'effet boomerang. Ainsi, en juin, Emmanuel Macron avait déclaré que dans une gare, "vous croisez des gens qui réussissent et d'autres qui ne sont rien". Réponse du berger à la bergère : "Macron, un 'rien' t'emmerde" ; "Macron, un 'rien' vaut mieux que deux comme toi."
Plusieurs propos d'E. Macron nourrissent les pancartes du cortège, notamment "ceux qui ne sont rien" et "les fainéants"#manif12septembre pic.twitter.com/lOIholwStl
— Jean-Luc Mounier (@mounierjl) 12 septembre 2017
Ils ont tout juste eu le temps d'imprimer leurs T-shirts : deux militants de La France insoumise se font prendre en photo, près de la gare d'Austerlitz. "Je suis rien qu'un abruti d'extrémiste fainéant cynique et je t'emmerde", peut-on lire. Pour leur slogan, ils peuvent se dire : "Merci Macron."
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