Reportage Législatives 2024 : à Saint-Étienne, les employés de Casino "n'attendent plus rien des politiques"

Après la faillite et le rachat du groupe Casino, entre 1 300 et 3 200 postes vont être supprimés, dont plus de 500 au siège historique de la marque, à Saint-Étienne. Une situation qui semble ternir l'intérêt des salariés pour les législatives.
Article rédigé par Claire Guédon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le siège du groupe Casino, à Saint-Étienne, où un tiers des emplois doit être supprimé. (CLAIRE GUEDON / RADIOFRANCE)

Devant le siège de Casino, à Saint-Étienne, les employés et futurs anciens employés continuent d'aller et venir chaque matin, mais leur état d'esprit reste morose. Cette faillite, et la restructuration qui a suivi, est "un gâchis", "un démantèlement" pour certains salariés, alors qu'au moins un tiers des emplois risque d'être supprimé au siège.

Une injustice, même, pour Delphine, 53 ans, dont 26 passés chez Casino. Elle a le sentiment que c'est "toujours la même histoire" qui se répète. "C'est nous qui payons les pots cassés, et c'est toujours comme ça, se désole-t-elle. Ceux qui sont en haut s'en sortent et nous, on subit". Delphine dénonce "un système capitaliste", qui ne changera pas avec l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale. Pour cela, il faudrait "changer de système" selon elle, mais "on ne le change pas dans un pays comme ça, dans l'Union européenne", se résigne la quinquagénaire.

"Ça se saurait, si les politiques pouvaient changer les choses."

Delphine, employée du groupe Casino

à franceinfo

À ses côtés, Isabelle, une collègue qui l'a rejointe, partage son désarroi. Très déçue ces derniers mois, elle ne fait pas confiance aux députés, peu importe leur parti, pour améliorer sa situation, alors qu'elle s'apprête à perdre son travail après plus de 30 ans dans la même entreprise.

"Je n'attends pas que les politiques viennent nous sauver les fesses", lance-t-elle, dénonçant un abandon de leur part. "On les a vus au début, parce qu'il y avait des choses, mais ils ne pensent qu'à eux. Nous, ici, on n'attend plus rien des politiques", déplore-t-elle, assurant qu'elle ira quand même voter, mais sans dire pour qui.

Les politiques, "tous les mêmes"

L'assurance chômage et le retour à l'emploi des plus de 50 ans sont des thèmes importants de la campagne des législatives. Mais ce qui intéresse surtout François, chef de secteur de 42 ans, c'est la baisse de son pouvoir d'achat, une fois au chômage. Pour autant, il fait partie de ceux qui disent "tous les mêmes". "Ils proposent des choses, chacun de leur côté, mais après, ils arrivent toujours à faire ce qu'il y avait avant", ironise-t-il. Alors oui, il ira voter, mais sans grande conviction.

De son côté, Estelle, qui ne connaît pas encore l’avenir de son poste, s’inquiète surtout de la prochaine réforme de l’assurance chômage du gouvernement, mais ne croit pas beaucoup aux autres candidats, droite, gauche ou majorité présidentielle.

"C'est la foire à la saucisse, à qui dira le mieux", dénonce-t-elle, préférant la formule "les promesses n'engagent que ceux qui y croient". "On verra le résultat dans les urnes", conclut Estelle, mais ici, devant le siège de Casino de Saint-Étienne, les salariés attendent surtout la fin des négociations pour connaître définitivement leur sort.

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