Budget 2025 : hausse des taxes sur l'électricité mais baisse des prix ? On vous explique comment va évoluer votre facture à partir de février
Le temps du bouclier tarifaire sur l'énergie est bientôt révolu. Dans le cadre de la présentation de son projet de loi de finances, jeudi 10 octobre, le gouvernement a proposé un relèvement d'une taxe sur l'électricité qui interviendra à compter du 1er février. Malgré cette hausse de la fiscalité, l'exécutif assure que la facture baissera de 9% pour les clients au tarif réglementé de l'électricité. Comment expliquer cette annonce a priori contradictoire ?
Pour le comprendre, il faut se pencher sur l'accise sur l'électricité, également appelée g, que le gouvernement entend augmenter. En février 2022, pour amortir les conséquences de la flambée des prix de l'énergie pour les ménages, celle-ci avait été considérablement réduite, à 1 euro le mégawattheure (MWh). Dans un contexte de recul de l'inflation et de sortie du bouclier tarifaire, elle a été rehaussée à 21 euros le MWh en février. Le précédent gouvernement avait l'intention de la ramener au 1er février 2025 à son niveau d'avant crise énergétique, soit 32,44 euros/MWh.
Face au déficit public du pays, l'équipe gouvernementale de Michel Barnier entend aller au-delà. La taxe sera portée vers "une fourchette autour de 50 euros du MWh", a annoncé le ministère de l'Economie. Son montant exact, qui ne figure pas dans le projet de loi de finances pour 2025, sera établi par arrêté en février. La mesure doit permettre de dégager 3 milliards d'euros de recettes supplémentaires l'année prochaine.
Une baisse moins importante que celle attendue
Pour justifier cette décision, le gouvernement pointe le recul des prix de l'électricité sur les marchés. Si le coût actuel du MWh n'a pas retrouvé son niveau d'avant crise (40-50 euros), son prix oscillait en septembre entre 60 et 70 euros, bien loin des sommets atteints pendant la crise énergétique. En août 2022, le montant du MWh avait atteint un record de 1 000 euros. "Si on a eu des prix très élevés, c'est parce que le système électrique a déraillé, que les stocks hydrauliques étaient faibles et qu'on a connu une crise gazière. Comme la crise électrique est terminée, cela se répercute sur les prix", résumait mi-septembre à franceinfo Nicolas Goldberg, expert en énergie pour le cabinet Colombus Consulting.
Dans ce contexte de repli des prix, le ministère de l'Economie assure que, malgré la hausse de l'accise sur l'électricité, les 22,4 millions de ménages et d'entreprises qui ont souscrit au tarif réglementé de vente (TRV) observeront une "baisse de 9%" de leur facture. Ce recul doit aussi concerner les clients qui disposent d'une offre indexée sur le tarif réglementé. Au total, le gouvernement estime que "80% des Français" verront leur facture diminuer en moyenne d'"une centaine d'euros" par an. Il précise que le taux de la taxe sera fixé en février pour "garantir" cette baisse.
Elle sera toutefois moindre que ce que les foyers au tarif réglementé auraient pu espérer. En juin, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, évoquait une baisse de 10 à 15% au 1er février. De son côté, la Commission de régulation de l'énergie anticipait, dans sa délibération rendue en septembre, une diminution d'"au moins 10%" de la facture, fondée sur le scénario d'un retour de l'accise sur l'électricité limitée à 32,44 euros le MWh.
"Vigilance" sur les autres offres
En revanche, l'addition s'annonce plus salée pour les 20% restants des Français qui ne sont pas soumis au tarif réglementé. C'est le cas des contrats dont les tarifs varient régulièrement en fonction de l'évolution des cours de l'électricité, ou encore les clients qui ont opté pour une offre à prix fixe. Pour ces derniers, dans la plupart des cas, seul le prix du kWh est réellement fixe (durant un an ou deux ans, par exemple). Mais le coût facturé pour l'abonnement et les taxes peuvent toujours évoluer en cours de contrat, souligne le Médiateur de l'énergie. Les fournisseurs pourront donc répercuter tout ou partie de la hausse de la taxe sur l'électricité sur la facture de leurs clients.
Pour les consommateurs qui ne sont pas soumis au tarif réglementé, le recul des cours de l'électricité a pu se traduire par une diminution de la facture au cours des derniers mois, a expliqué vendredi la ministre de la Transition écologique et de l'énergie. Mais "il faut être attentif à ce que la baisse de leur facture en 2024 ne se traduise pas ensuite en 2025 par un rebond qui serait désagréable", a reconnu vendredi Agnès Pannier-Runacher sur Europe 1. La ministre assure qu'elle y sera "très vigilante dans la discussion avec les parlementaires".
Par ailleurs, ces clients peuvent à tout moment basculer vers une offre au tarif réglementé s'ils le souhaitent. Même en cas de souscription à une offre fixe, garantissant un prix sur un an, par exemple, il est possible de résilier le contrat avant son terme. Pour changer d'offre, la seule étape nécessaire est de souscrire un nouveau contrat, détaille le Médiateur de l'énergie. Le nouveau fournisseur se charge alors de prévenir le précédent.
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