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Nucléaire : soupçons de corrosion sur plusieurs réacteurs du parc français

La génération de réacteurs la plus répandue est l'objet de soupçons de problèmes techniques importants, alors que la production nucléaire d'électricité n'a jamais été aussi faible.

Article rédigé par Grégoire Lecalot - édité par Thomas Destelle
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La centrale nucléaire de Chinon, le 26 mai 2016. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Le phénomène dit de corrosion sous contrainte va-t-il faire vaciller le parc nucléaire français ? Il s'agit d'un risque d'apparition de fissures sur le système de sécurité du circuit primaire, celui qui est au contact avec le cœur du réacteur. Ce phénomène a été détecté sur cinq réacteurs notamment à la centrale de Civeaux, de Penly et de Chooz.

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Jusqu'ici, ce problème de corrosion sous contrainte a été repéré sur des modèles de réacteurs récents de 1 500 MW ou 1 300 MW, entre la fin de l'année 2021 et le début de l'année 2022. Depuis, six autres unités sont soupçonnées et notamment un réacteur de 900 MW à la centrale de Chinon. Il s'agit de l'unité de Chinon 3, mise en service en 1987. Elle fait partie de la génération la plus ancienne du parc et représente le gros des réacteurs français : 32 sur 56. 

Il n’y a pas de certitude pour le moment mais des soupçons assez forts pour qu'EDF et l'Autorité de sûreté nucléaire décident d'aller y voir de plus près. "C’est un écho qui est vu lors d’un contrôle par ultrason mais ce n’est pas forcément lié à la présence de corrosion sous contrainte, explique Julien Collet, directeur adjoint de l’Autorité de sûreté nucléaire. La prochaine étape va être de procéder à une découpe de la soudure concernée pour expertise en laboratoire."

Une production d'éléctricité nucléaire au plus bas

Pour couper la tuyauterie, il va donc falloir arrêter ce réacteur. Les six unités soupçonnées vont s'ajouter aux cinq déjà mis à l'arrêt à cause de ce problème de corrosion, donc 11 unités au total. Un chiffre temporaire car EDF poursuit ses contrôles sur l'ensemble du parc. Sans toutefois devoir tout arrêter par précaution, estime Julien Collet : "EDF a montré que les tuyauteries pouvaient en fait résister à des fissures plus grandes que celles observées jusqu'à présent. Et EDF a également étudié les conséquences de la rupture d'une tuyauterie et a montré que celle-ci pouvait être gérée par les équipements de sûreté du réacteur." 

Mais la production d'électricité nucléaire n'aura jamais été aussi basse que cette année 2022. Jeudi 21 avril, elle dépassait à peine 50% de ses capacités.

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