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Reportage A la découverte d'un cinéma "100% écolo", qui va voir le jour près de Troyes

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le chantier du futur cinéma (MATTEU MAESTRACCI / RADIO FRANCE)

Faire venir, ou même revenir, les gens au cinéma, dans un contexte de fréquentation en baisse en France, et dans un lieu 100% écologique, en ces temps de sobriété énergétique : c'est le pari de la chaîne de cinémas Utopia, qui va bientôt ouvrir cet endroit à Pont-Sainte-Marie, dans l'Aube.

Des artisans, tous locaux, qui s'affairent partout et dans tous les sens pour la livraison des travaux dans quelques jours. Il faut dire que le projet est peu banal, novateur, mais aussi précurseur aujourd'hui d'une certaine façon : un cinéma écologique.

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Ce sont des bâtiments en bois, de la paille isolante, des panneaux solaires, un poêle à granulés... sans oublier ces fameuses toilettes sèches qui ont fait se surnommer, elle-même, Anne Faucon, gérante du lieu et inlassable défenseure du projet, la "Dame pipi de l'art et essai." "Tout ce qu'on disait et qui était rejeté à l'époque, c'est ce en quoi paradoxalement nous ont aidé le Covid et le réchauffement climatique : on est devenus précurseurs malgré nous", explique-t-elle à franceinfo.

"Mais on a rien inventé, se justifie Anne Faucon. On a juste mis bout à bout des techniques existantes, avec l'idée de montrer qu'on pouvait imaginer et construire un bâtiment 100% écolo sans coût supplémentaire, dire qu'il n'y avait plus d'excuses pour ne pas le faire".

Anne Faucon, la gérante du cinéma, nous montre les panneaux solaires installés sur le toit (MATTEU MAESTRACCI / RADIO FRANCE)

L'idée d'un cinéma écolo dans cette zone vient d'une élue communiste, dans l'opposition à François Baroin, maire de Troyes depuis 1995, qui avait alors rejeté le concept. C'est la commune voisine de Pont-Sainte-Marie qui l'a récupéré, faisant le bonheur de son maire, Pascal Landréat : "Avoir un cinéma d'art et essai dans une ville de 5.000 habitants, ce n'est pas banal. Mais nous sommes dans une agglomération qui en compte 180.000."

Si rien n'avait été fait dans les années en cours, nous serions devenus une ville "périphérique", pour ne pas dire "dortoir".

Pascal Landréat, maire de Pont-Sainte-Marie

à franceinfo

L'édile poursuit : "Depuis quelques années, nous avons mis en place une politique culturelle, environnementale et d'animations auprès des jeunes, qui nous a permis d'augmenter et rajeunir notre population. C'est donc naturellement que la ville se sent intégrée au projet, même si celui-ci est privé".

Tarifs modérés

Évidemment, ouvrir un cinéma d'un coût de deux millions d'euros, reposant sur des fonds privés et un financement participatif, dans une période où - malgré un mois d'octobre très performant - moins de gens vont au cinéma depuis le Covid, cela peut paraître risqué. Mais avec des tarifs modérés de 4,50 euros le ticket pour les enfants, 5 euros pour les adultes avec abonnement et 7 euros plein tarif, Anne Faucon y croit : "C'est comme prendre la mer en ne pensant qu'à la noyade. A un moment, il faut se lancer ! Au-delà de la qualité des films qu'on proposera, créer un lieu comme ça, vertueux et agréable, c'est ça qui change les choses selon moi."

L'une des quatre salles du futur cinéma, en attente de son écran (MATTEU MAESTRACCI / RADIO FRANCE)

Le cinéma Utopia de Pont-Sainte-Marie commencera à accueillir ses spectateurs le 1er décembre.

A la découverte d'un cinéma "100% écolo" : le reportage de Matteu Maestracci

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