Pourquoi le tarif réglementé de l'électricité va-t-il augmenter de 10% au 1er août ?
Le prix de l'énergie continue de grimper. Le gouvernement a annoncé, mardi 18 juillet, une hausse de 10% des tarifs de l'électricité à partir du 1er août. Le bouclier tarifaire déployé à l'automne 2021 est maintenu, mais un peu réduit par l'Etat. Les foyers et les entreprises équipés d'un compteur d'une puissance de 36 kilovoltampères maximum sont concernés.
Cette décision intervient dans le cadre du calendrier habituel : le gouvernement peut réviser les tarifs réglementés de l'électricité deux fois par an, le 1er février et le 1er août. Il a déjà décidé de les réévaluer de 15% le 1er février 2023 et de 4% le 1er février 2022. Depuis 2021 – où une hausse d'un peu plus de 2% a eu lieu – , ce tarif, qui bénéficie à quelque 23 millions de clients, a donc grimpé d'environ 34%.
Le bouclier tarifaire diminue progressivement
Si le prix de l'électricité augmente, c'est parce que le gouvernement diminue sa contribution. Mis en place à l'automne 2021 en réaction à l'inflation, en pleine reprise économique post-pandémie de Covid-19, ce dispositif de bouclier tarifaire allège la facture des ménages, mais il coûte cher à l'Etat : 110 milliards d'euros entre 2021 et 2023, selon le gouvernement. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a donc annoncé le 21 avril la fin progressive du bouclier pour l'électricité.
Cette hausse de 10% est un premier pas vers la levée du dispositif, qui doit s'échelonner jusqu'à la fin de l'année 2024, à raison de deux révisions annuelles. "A partir du 1er août, le bouclier tarifaire continuera de prendre en charge la protection des Français à plus du tiers de leur facture, de l'ordre de 37% de la facture de l'électricité, contre 43% actuellement", affirme le gouvernement, qui assure que le tarif français figure "parmi les plus bas d'Europe".
Sans bouclier, le prix de l'électricité aurait dû bondir de 74,5% cet été pour s'aligner sur l'évolution théorique des tarifs réglementés de vente d'électricité, calculée par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Le gouvernement a choisi de contenir cette majoration à 10%.
Un rattrapage de l'inflation
Ce surcoût tient compte de la croissance des coûts d'acheminement de l'électricité (+6,8% depuis le 1er février selon la CRE), mais surtout de l'inflation énergétique depuis 2021. En effet, le bouclier français a contenu la flambée des prix de l'énergie depuis deux ans. "Plusieurs facteurs tirent les prix vers le haut : la reprise économique de 2021, la guerre en Ukraine et les craintes sur le parc nucléaire français, résume auprès de franceinfo Nicolas Goldberg, consultant spécialiste de l'énergie et associé chez Colombus consulting. Les prix du gaz sont toujours plus élevés qu'en 2021". Or une part de l'électricité française produite et importée provient de centrales à gaz. En outre, les inquiétudes sur la capacité du parc nucléaire français à satisfaire la demande en hiver "sont surestimées", ajoute l'expert, ce qui contribue à faire augmenter les prix.
L'opposition a fustigé ce rattrapage, mardi. C'est "tout à fait anormal que le gouvernement annonce une hausse aujourd'hui alors que rien dans nos coûts de production ne le justifie", a dénoncé en conférence de presse à l'Assemblée nationale le patron des députés Les Républicains, Olivier Marleix. En conférence de presse, le président du groupe indépendant Liot, Bertrand Pancher, a appelé à "cibler le bouclier tarifaire" et "accentuer les aides pour les familles qui en ont le plus besoin, et peut-être les diminuer pour ceux qui en ont le moins besoin". C'est aussi l'avis de trois économistes du Conseil d'analyse économique (CAE), qui ont recommandé le 11 juillet la suppression du bouclier pour les ménages plus aisés. "Mieux vaut renforcer les aides ciblées vers les plus précaires, comme le chèque énergie", abonde Nicolas Goldberg.
L'association de défense des consommateurs CLCV déplore quant à elle une mauvaise nouvelle pour les ménages. "Le gouvernement nous donne un coup de poignard dans le dos dans le creux de l'été", a réagi mardi sur franceinfo François Carlier. Le délégué général de l'association estime que cette hausse concernera en particulier les foyers "à la fois modestes et de la classe moyenne". Compte tenu "des prix alimentaires toujours très hauts, c'est vraiment une mauvaise nouvelle pour le pouvoir d'achat" selon lui.
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