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Impuissance du gouvernement ou réalité industrielle ? Les suppressions de postes chez General Electric divisent élus et économistes

Après l'annonce de la suppression de plus d'un millier de postes chez General Electric, certains appellent l'État à intervenir alors que d'autres y voient une évidence économique. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un salarié de General Electric sur le site de Belfort, en octobre 2015.  (SEBASTIEN BOZON / AFP)

La promesse de créer des emplois ne sera pas tenue. Au moment de racheter la branche énergie d'Alstom en 2015, General Electric s'était engagé à créer un millier d'emploi. Quatre ans plus tard, l'entreprise américaine annonce finalement qu'elle va en supprimer un peu plus de 1 000, principalement sur le site de Belfort. Si Emmanuel Macron a affirmé depuis Bruxelles que les "engagements pris devront être tenus", les réactions politiques depuis se multiplient. 

Certains accusent l'État de ne pas en faire assez 

"L'impuissance du gouvernement, c'est du je-m'en-foutisme", estime Édouard Martin, ancien eurodéputé PS. Cet ex-responsable syndical chez ArcelorMittal à Florange appelle le gouvernement à réagir, sans réel espoir : "J'ai l'impression qu'à chaque fois qu'il y a un problème, ils se refilent la patate chaude. Ils font du court-termisme. C'est des pansements qu'ils mettent sur une jambe en bois et ça leur revient en pleine figure".

Selon lui, la France n'a pas de politique industrielle. "Depuis 40 ans, on vend dès qu'il y a une entreprise en difficulté, à l'inverse de ce qui se fait en Allemagne, où les Länder sont quasiment tous actionnaires des entreprises industrielles stratégiques", explique Édouard Martin. 

La Bourse, il y a des hauts et des bas, et pourtant on ne dit pas qu'on va fermer la Bourse, on attend que ça reprenne

Édouard Martin

à franceinfo

De son côté, Jean-Pierre Chevènement, l'ancien maire de Belfort, a aussi des mots très durs envers le gouvernement. La "responsabilité de l'État est doublement engagée" estime-t-il. En 2014, il avait dénoncé l'accord entre General Electric et l'État car il le jugeait pas assez équilibré. "Il n'y avait pas égalité entre Alstom et General Electric, dit-il. La philosophie de l'accord c'est tout pour les actionnaires, rien pour les salariés et haro sur les salariés qui se retrouvent au carreau." Selon lui, l'État n'a pas "donné vie à ce système de coentreprise."

D'autres élus locaux réclament une intervention du gouvernement comme Michel Zumkeller, député UDI du territoire de Belfort. "Je rappelle quand même que le directeur de General Electric, c'est l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron quand il était ministre de l'Économie. Je pense qu'ils ont des liens forts", dit-il. Un autre député belfortain, Ian Boucart du parti Les Républicains, se souvient de la venue d'Emmanuel Macron où il "était venu dire que Belfort avait un avenir industriel et qu'on pouvait compter sur lui. Aujourd'hui ce qu'on lui dit dans le Territoire de Belfort, c'est qu'on compte sur lui pour qu'il nous aide à trouver les pistes de diversification", conclut-il

Des suppressions inévitables ? 

Selon l'économiste Emmanuelle Auriol, "la réalité industrielle fait qu'on doit fermer si ce n'est pas rentable". Invitée de franceinfo mercredi 29 mai, cette membre du Cercle des économistes dit comprendre que "c'est un drame absolu pour les salariés. On les a baladés, on leur a menti, promis des choses qu'on ne tient pas", mais la situation économique n'est pas viable. 

"Le site produisait 100 turbines il y a dix ans, aujourd'hui on est à 29 par an. Il y a vraiment un souci. Et c'est pour ça que les salariés s'y attendaient. Donc que voulez-vous que l'État fasse ? À part racheter, nationaliser, il n'est pas apte à prendre des décisions à la place des chefs d'entreprise qui n'ont pas de carnet de commandes remplis", explique l'économiste qui juge qu'une nationalisation serait inefficace.

Sur la gestion même d'une entreprise qui a des difficultés parce qu'elle ne vend pas de turbines à gaz, il n'y a pas le choix, il faut restructurer

Emmanuelle Auriol

à franceinfo

À Bercy aussi on constate que la réalité économique est implacable. "Toutes les semaines vous avez son lot de sujets industriels", a déclaré sur franceinfo Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie. "La semaine dernière on a eu Ascoval, il y a deux semaines on a eu une réunion avec les élus de Belfort", liste-t-elle. 

Malgré tout, le gouvernement souhaite rassurer les salariés. "On a l'impression que tout va s'arrêter. Ce n'est pas le cas", a poursuivi Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie. Selon elle, la négociation avec General Electric commence seulement et ne devrait pas aboutir avant la fin de l'année. "Notre enjeu est de préserver les capacités industrielles à Belfort, d'accompagner individuellement chaque salarié", poursuit-elle. 

Parmi les pistes étudiée : les 50 millions d'euros que doit régler General Electric pour ne pas avoir créé un millier d'emplois. "L'objectif c'est qu'un maximum de personnes soient reclassées sur le site, de développer de nouvelles activités et de faire en sorte qu'il y ait un maximum de reclassement." Une diversification qu’appellent également de leurs vœux les élus locaux qui accusent l'État de ne pas en faire assez pour l'instant. 

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