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Montebourg lance un énième assaut face à Mittal

Le ministre du Redressement productif entame demain un tour d'Europe des sites d'ArcelorMittal. Après les fermetures d'usines de l'ère Sarkozy, l'Elysée cherche à son tour à peser dans le bras de fer face au géant de la sidérurgie.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, le 13 juin 2012 à Paris. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Le combat a des allures de David contre Goliath. A la demande de François Hollande, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a entamé mardi 26 juin une tournée européenne "afin de conduire une action commune vis-à-vis du groupe ArcelorMittal". Faisant valoir une demande européenne insuffisante, le géant de l'acier ferme ou met en veille des sites en France mais aussi en Belgique, en Espagne et au Luxembourg. En Lorraine, les usines de Gandrange et Florange (Moselle) sont devenues des symboles de la désindustrialisation. 

Depuis la fusion en 2006 d'Arcelor et Mittal, le numéro un mondial de la sidérurgie a dicté sa loi au gouvernement français, à la peine dans le bras de fer face à Lakshmi Mittal. Ce dossier est devenu un labyrinthe. Nicolas Sarkozy s'y est perdu. Arnaud Montebourg tente d'ouvrir une nouvelle voie en partant à la rencontre des ministres concernés dans d'autres pays européens. FTVi revient sur les précédentes tentatives de faire plier le milliardaire indien.

• 4 février 2008 : les promesses de Sarkozy à Gandrange

Un mois après l'annonce par ArcelorMittal d'un "projet de réorganisation" de son site de Gandrange, qui prévoit la suppression de 595 emplois sur 1 029, Nicolas Sarkozy se rend sur place et promet l'aide de l'Etat pour sauvegarder l'usine. "Nous sommes prêts à mettre de l'argent pour faire les investissements qui auraient dû être faits depuis longtemps", affirme-t-il alors, dans un discours "de syndicaliste" selon les termes de la CFDT. Le chef de l'Etat propose deux possibilités d'investissements, soit aux côtés de Lakshmi Mittal, soit avec un repreneur. Dans les deux cas, "on investira", promet-il.

• 4 février 2009 : une stèle funéraire pour enterrer les espoirs

Un an plus tard, ArcelorMittal n'a pas cédé : 575 personnes ont perdu leur emploi. La CFDT dépose alors une plaque mortuaire pour prendre acte de l'échec de la médiation du président, et l'aciérie ferme ses portes le 31 mars. Aujourd'hui, le site ne compte plus qu'un laminoir qui emploie 350 salariés, selon L'Humanité.


 

Pour le premier anniversaire de ses promesses, Nicolas Sarkozy brandit toutefois d'autres "engagements scrupuleusement respectés" par ArcelorMittal. Il met en avant "30 millions d'investissements dans le site", la mise en place d'un centre de formation et d'un plan de revitalisation de 10 millions d'euros. "Quand on dit que je n'ai pas tenu promesse, c'est faux, c'est un mensonge", soutient-il. En mars 2012, il ajoute qu'"aucun licenciement" n'a eu lieu. En réalité, des salariés ont bien été licenciés, comme le relate 20Minutes.fr dans un reportage à Gandrange.

• 2011 : au tour de Florange 

Si des reclassements ont bien eu lieu pour les ouvriers de Gandrange, certains pourraient ne pas durer. En effet, le site de Florange, où près de 200 salariés ont été envoyés, est à son tour menacé. En 2011, ArcelorMittal stoppe les deux derniers hauts-fourneaux de Lorraine, à titre "temporaire et provisoire", en attendant un retour à la hausse des commandes. Cinq cents salariés sur 2 667 se retrouvent au chômage technique.

2012 : le retour des promesses

Le 23 février 2012, c'est la douche froide pour les salariés de Florange, qui apprennent la prolongation de l'arrêt temporaire jusqu'au 30 juin. Le lendemain, le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, est sur place, où il promet une loi obligeant les firmes à céder les unités de production dont elles ne veulent plus.

Hollande chez ArcelorMittal à Florange ( FRANCE TELEVISIONS)

Une semaine plus tard, Nicolas Sarkozy annonce qu'"ArcelorMittal va investir, à la demande de l'Etat français, 17 millions d'euros à Florange" et redémarrer les deux hauts-fourneaux d'ici à la fin de l'année. Faux, répondent en substance ArcelorMittal et les syndicats, qui dénoncent des "coups médiatiques". Début juin, le groupe a annoncé une nouvelle prolongation de l'arrêt temporaire, jusqu'à la fin de l'année.

Et maintenant ? Arnaud Montebourg a lancé une mission d'expertise sur "les perspectives industrielles" du site sidérurgique, dont les conclusions doivent être rendues fin juillet. Parmi les différents scénarios envisagés pour l'avenir de Florange, le gouvernement semble vouloir privilégier le projet Ulcos. Ce programme expérimental, qui vise à faire de Florange un site pilote de captage-stockage de CO2, relancerait le site mais dépend de subventions européennes.

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