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PSA : quels sont les enjeux d'une alliance entre l'Etat, Dongfeng et les Peugeot

Le constructeur français a confirmé étudier un projet validant l'entrée au capital du groupe chinois et de l'Etat français pour un montant total de 3 milliards d'euros

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des ouvriers de Dongfeng dans la troisième usine du groupe chinois, le 2 juillet 2013 à Wuhan (Chine). (AFP)

C'est en bonne voie : les Chinois sont bien partis pour entrer au capital de PSA Peugeot Citroën. Le français a confirmé, lundi 20 janvier, étudier un projet validant l'entrée au capital du groupe chinois spécialisé dans le transport Dongfeng et de l'Etat français, pour un montant total de 3 milliards d'euros. La décision définitive devrait être prise d'ici au 19 février, selon le constructeur automobile français.

"Selon le scénario privilégié, la société envisagerait de procéder à une augmentation de capital réservée à Dongfeng", suivie d'une augmentation de capital avec droits préférentiels de souscription, à laquelle Dongfeng participerait et que "l'Etat français pourrait accompagner dans les mêmes conditions que Dongfeng", précise le constructeur automobile. 

Ainsi, le projet prévoit que le constructeur dispose "de trois actionnaires détenant, chacun, une participation d'environ 14 % : la famille Peugeot, l'Etat français et le constructeur automobile chinois Dongfeng." Francetv info revient sur les enjeux de cette redistribution.

Pour l'Etat, la garantie d'un ancrage français 

"L'Etat a vocation à soutenir PSA et ses 91 000 salariés qui travaillent dans ses usines en France, afin d'accompagner cette grande entreprise dans son rebond", a réagi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. A ses propos font écho ceux du ministre de l'Economie : "L'Etat est là pour marquer la volonté d'un ancrage français : PSA est et restera une entreprise française, avec des centres de décision et de production en France", a indiqué Pierre Moscovici dans un entretien accordé aux journaux du groupe Ebra (L'Est républicain, Les DNA...).

"L'intervention éventuelle de l'Etat, à la même hauteur que Dongfeng, et le maintien de l'actionnaire familial au capital, permettraient très clairement à l'entreprise de rester une entreprise française", assure le ministre.

Pour Dongfeng, des contreparties ? 

Pour Les Echos, "on peut s'interroger sur le déséquilibre" d'un tel accord, alors que Dongfeng "apporte du cash et contribue au sauvetage" du constructeur en difficulté : "quelles contreparties demande Dongfeng en échange ?" se demande le quotidien économique. Avant d'ajouter : "Si c'est un transfert technologique, l'industrie automobile européenne peut s'inquiéter". 

Acteur incontournable de l'automobile chinoise, Dongfeng a déjà signé en décembre un accord avec le grand rival français de PSA Peugeot Citroën, Renault. "Un rapprochement stratégique", selon les mots de Carlos Ghosn, PDG de Renault, qui doit permettre à ce dernier d'"explorer de nouvelles frontières" en produisant des véhicules dans ce pays qui représente le premier marché automobile mondial. Les deux groupes possèderont chacun 50% des parts de cette nouvelle entité.

Pour la famille Peugeot, une perte d'influence 

Selon Le Monde (article payant), pour la famille Peugeot, cette redistribution des cartes marque aussi "une perte d'influence " : cette dernière détient actuellement 25,4% du capital, et 38,1% des droits de vote du groupe. 

Pour le consultant spécialisé dans l’automobile Patrick Bord, interrogé par La Croix, "les Peugeot sont à un tournant de l’histoire familiale". Il décrit un contexe de "luttes d’influence entre les différents clans" d'une famille "très divisée", et note : "Il n’y aurait plus beaucoup d’intérêt à conserver un pacte d’actionnaires unissant les différentes branches, si la famille n’était plus majoritaire dans le groupe."

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