"On a l’impression d’être des bouche-trous" : le ras-le-bol des internes en médecine, en grève illimitée
Réputés pour faire tourner l’hôpital, les internes en médecine, souvent livrés à eux-mêmes, sont appelés par leur principal syndicat à une grève illimitée dès ce mardi.
Si vous êtes allés à l'hôpital récemment, vous êtes peut-être tombé sur Romain. Neuf ans d'études derrière lui, interne depuis trois ans, il est médecin en formation. En fait, raconte-t-il avec Cécile, elle aussi en troisième année d'internat, ils passent surtout leurs journées à gérer de l'administratif. En somme, le sort réservé aux derniers à l'hôpital : obtenir les examens, réclamer les IRM, répondre au téléphone.
Les internes sont 27 000 en France et disent souvent être livrés à eux-mêmes. Pourtant, ces "petites mains" de la médecine sont réputées pour faire tourner l'hôpital. Ils sont appelés à partir de mardi 9 décembre à une grève illimitée par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), leur principal syndicat, pour dénoncer ce qu'ils appellent la "dégradation des soins" et réclamer un meilleur statut.
À l'hôpital, un poste de médecin sur quatre est vacant. "On a l’impression d’être des bouche-trous puisqu’on est de la main d’œuvre bon marché, polyvalente, explique Cécile. On fait les prescriptions et on s’occupe des malades..." "Pas d’internes, pas d’hôpital", ajoute-t-elle. Des bouche-trous accompagnés normalement par un médecin confirmé… en théorie.
Nos seniors sont pris. Ils ont des journées parfois aussi longues que les nôtres : à la fin de la journée, cela peut arriver qu’on rentre chez nous en se demandant si on a bien fait et cela peut être pesant.
Romain, interneà franceinfo
Avec des accompagnants débordés, la solitude des internes dans leur travail pèse sur les internes. Avec des journées interminables et sans compter le salaire, qu'ils trouvent insuffisant. "Vous arrivez interne à bac +6, avec des responsabilités importantes, et vous êtes payés au smic horaire…", soupire Romain. "Il n’y a pas d’heures supplémentaires, ajoute Cécile. Que je termine à 16 heures ou à 22 heures, vous serez payés exactement pareil. Et il est assez fréquent que je termine à 21 heures…"
Certains de leurs aînés, comme le Dr Rachel Bocher, chef du service psychiatrie à l'hôpital de Nantes, voient cette grève d'un œil bienveillant : "Ce qui est important, c’est de le soutenir pour leur dire de ne pas hésiter à faire grève, même si dans certains établissements il y aura des difficultés s’ils ne sont pas là…" Les internes en grève pourront théoriquement être assignés et réquisitionnés par leur direction.
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