Grève contre la réforme des retraites : comment la SNCF tente de s'organiser pour faire rouler des trains pendant les fêtes de Noël
La période de Noël est marquée par un pic d'usagers. Mais cette année risque d'être bien délicate pour la SNCF, en raison du mouvement social contre la réforme des retraites. La compagnie tente de mettre sur pied un plan de transport pour limiter la casse auprès des voyageurs.
La période des fêtes s'annonce comme un immense casse-tête pour la SNCF, alors que les grévistes ont prévu de maintenir leur mouvement contre la réforme des retraites. Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF, a tout de même promis dans Le Parisien que "plus de la moitié des voyageurs partiront" et que la compagnie allait "essayer d'accomplir des miracles".
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Le terme peut sembler exagéré mais il est vrai qu'il sera difficile de satisfaire le plus grand nombre avec 70% de grévistes chez les conducteurs. La compagnie cherche donc à peaufiner son plan de transport, qualifié d'un "peu particulier" cette année.
En jonglant avec ses effectifs
Lors d'une réunion de travail, Edouard Philippe a demandé au PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, de présenter d'ici à mardi un plan de transport permettant d'établir avec certitude la liste des trains maintenus à la circulation le week-end des départs en vacances. Mais la préparation de ce plan a débuté il y a plusieurs jours, écrit le Journal du dimanche, afin notamment de mettre sur pied des effectifs disponibles à compter du vendredi 20 décembre. Cela concerne notamment les conducteurs, les aiguilleurs et les agents de gare.
Mais tous ces personnels ne sont pas interchangeables. L'hebdomadaire cite les exemples des trains Ouigo et des TGV, qui n'ont pas les mêmes spécificités pour les conducteurs. Même problématique pour les aiguilleurs – dont les postes sont spécifiques – ou les agents – qui connaissent parfaitement leurs quais et peuvent ainsi réaliser les accostages. Le recours à des cadres ou à des personnels reconvertis dans la formation peut offrir une opportunité, mais "la rapidité d'exécution d'un cadre n'est pas la même que celle du salarié à ce poste", reconnaît un représentant de la SNCF interrogé par le JDD.
En se concentrant sur les trajets aux heures pleines
"Il faut regarder axe par axe, c'est un véritable travail d'orfèvre", résume un cadre de la SNCF à Europe 1. Car une fois que ces effectifs sont consolidés, il faut encore réduire le nombre de trains pour économiser les ressources en personnel. Le Journal du dimanche explique ainsi que plusieurs trains ont été annulés le week-end passé afin de laisser des agents non grévistes au repos en vue des départs en vacances. La SNCF peut également supprimer les trains prévus en heures creuses et réduire les trajets en les amputant de leurs destinations initiales.
Quid également des billets déjà vendus ? Là encore, la SNCF doit réaliser quelques ajustements. "On a limité les ventes sur les places disponibles depuis assez longtemps pour pouvoir replacer les gens qui avaient un billet" et dont les trains sont supprimés, a notamment précisé Agnès Ogier, directrice de la communication. Mais les usagers munis d'un titre de transport devront patienter jusqu'à mardi pour savoir s'ils pourront prendre place à bord de leur TGV vendredi, samedi ou dimanche. La SNCF s'est engagée à informer jeudi les voyageurs pour les trajets prévus du 23 au 26 décembre.
En espérant une baisse de la mobilisation
Dernière option : demander aux grévistes de lâcher du lest pendant les fêtes et croiser les doigts pour que le taux d'absence diminue. Le PDG Jean-Pierre Farandou a donc appelé les salariés "à faire une pause" pendant les fêtes, dans une vidéo diffusée sur le réseau d'information interne de la SNCF. Mais si Laurent Berger (CFDT) veut éviter les blocages pendant les fêtes, Laurent Brun (CGT) a d'ores et déjà annoncé qu'il n'y aurait "pas de trêve pour Noël" si le gouvernement ne retirait pas son projet.
La direction de la SNCF va donc surveiller de près l'évolution du nombre de grévistes au sein de l'entreprise (85,7% des conducteurs le 5 décembre contre 66,8% vendredi). Mais il faudra de toute façon patienter plusieurs jours après la fin éventuelle du mouvement avant d'envisager un retour à la normale, ne serait-ce que pour assurer la maintenance des rames immobilisées pendant le conflit social. Contacté par l'AFP, un responsable de la compagnie résume d'ailleurs les choses de manière prosaïque : "Si ça s'arrête le 17, on sauve Noël, si ça ne s'arrête pas le 17, on tue Noël."
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