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Grève contre la réforme des retraites : coupures d'électricité, arrêts de raffineries... Comment les syndicats veulent garder la main jusqu’au 9 janvier

Loin d'être éteinte en cette période de fêtes, la contestation contre la réforme des retraites va se poursuivre, affirment les syndicats. En prenant des formes diverses.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants défilent à Paris, le 19 décembre 2019, au 15e jour de la grève contre la réforme des retraites. (JULIEN MATTIA / ANADOLU AGENCY / AFP)

Une trêve pour les fêtes ? Réclamée par le gouvernement, elle ne semble pourtant pas être au programme des grévistes opposés à la réforme des retraites. Alors que les partenaires sociaux seront reçus le 7 janvier par plusieurs membres du gouvernement pour parler pénibilité et gestion de fin de carrière, une nouvelle manifestation interprofessionnelle, à l'appel de l'intersyndicale, est prévue deux jours plus tard.

>> Grève contre la réforme des retraites : suivez en direct les prévisions de trafic à la SNCF et à la RATP 

D'ici là, les actions de protestation vont vraisemblablement se poursuivre. Coupures d'électricité, trafic perturbé dans les transports, arrêt des raffineries... Franceinfo vous explique comment les syndicats veulent faire durer le mouvement jusqu'au 9 janvier. 

Des perturbations dans les transports

"La trêve, c'est la défaite", ont indiqué sur Twitter, vendredi 19 décembre, des militants de l'Unsa Ferroviaire, refusant la position arrêtée jeudi soir par leur bureau fédéral de "marquer une pause" dans les grèves à la SNCF pour les congés de Noël et du Nouvel An. Comme eux, plusieurs cheminots ont décidé de multiplier les opérations pour poursuivre leur mobilisation contre la réforme des retraites pendant les fêtes. 

Pour entretenir la flamme, la CGT Cheminots a prévu des actions toute la semaine, avec notamment "un ensemble d'initiatives pour fêter Noël entre grévistes", selon les mots de son secrétaire général, Laurent Brun. Dès lundi, des "banquets" de Noël ont ainsi été organisés, comme à la gare de Fleury-les-Aubrais (Loiret), où certains des quelque 80 cheminots grévistes présents s'étaient déguisés en père Noël. Ce genre d'initiatives s'est reproduit mardi, à l'image d'un "repas des grévistes" organisé à midi par Sud Rail à la gare de Lyon, à Paris, ou des rassemblements devant des mairies ou des permanences LREM. Un "temps fort" est également prévu samedi 28 décembre, a expliqué Erik Meyer, secrétaire fédéral de Sud Rail, avec des mobilisations sur tout le territoire, à l'appel notamment de la CGT Cheminots et de Sud Rail. 

En Ile-de-France, du côté de la RATP, le trafic devrait également rester perturbé. "Si le gouvernement ne bouge pas, il faut s'attendre à ne pas avoir de métros et de RER le 31 décembre", a indiqué Laurent Djebali, secrétaire de l'Unsa RATP Traction, dans Le Parisien. En temps normal, la nuit de la Saint-Sylvestre, les transports fonctionnent en continu toute la nuit. 

Des actions coup de poing

Lundi, à Paris, des manifestants ont bloqué pendant vingt minutes la circulation sur la ligne 1 du métro parisien (une ligne automatisée) en envahissant les quais à la station Gare de Lyon. Certains d'entre eux ont aussi brièvement occupé des voies de train à la gare de Lyon elle-même. Une action "symbolique", a expliqué le délégué Sud Rail Fabien Villedieu"On nous explique qu'il n'y a plus de grève, que tout se passe bien... Le but était de montrer une certaine forme de détermination", a-t-il poursuivi.

Ailleurs en France, des grévistes se sont également rassemblés ponctuellement. C'est notamment le cas à Toulouse où une cinquantaine de militants de la CGT ont distribué des tracts dans un centre commercial, ou à Poitiers (Vienne), où ils ont bloqué les routiers.

Des coupures d'électricité

La semaine dernière, plusieurs villes, partout en France, ont subi des coupures d'électricité. Revendiquées par la CGT Energie, ces interruptions, provoquées par des "actes de malveillance", selon Enedis, ont affecté des dizaines de milliers de personnes. Dans les Pyrénées-Orientales, 18 000 foyers ont notamment été affectés jeudi dernier. Près de Marseille, une des plus importantes zones commerciales de France, Plan-de-Campagne, a été plongée dans le noir durant quelques heures. A l'autre bout de la France, des agents techniques d'Enedis ont coupé en fin de matinée l'électricité sur l'ensemble de la zone commerciale d'Auchan Englos, dans la périphérie ouest de Lille. 

Dans la nuit de dimanche 22 à lundi 23 décembre, le site Amazon du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) a, à son tour, été privé d'électricité, a indiqué Le ParisienL'action a été revendiquée par la CGT Energie. Cette dernière a également revendiqué, samedi sur Twitter, les deux coupures de courant intervenues pendant les rencontres de Top 14 de rugby Castres-Lyon et Agen-Toulouse. La coupure sauvage lors de ce dernier match a entraîné une interruption du courant durant quelques secondes à la clinique Esquirol-Saint-Hilaire d'Agen, comme le décrit La Dépêche du Midi. Un chirurgien explique dans l'article qu'un de ces confrères réalisait alors une opération de chirurgie vasculaire et que "cela aurait pu avoir des conséquences graves"

Au moment des premières interruptions de courant, François Casanova, délégué syndical central CGT chez RTE, avait indiqué que ces actions étaient un "premier avertissement" adressé au gouvernement et que celui-ci pouvait s'attendre "à des coupures plus massives"

Un arrêt des raffineries de pétrole

Des actions continuent aussi d'être menées dans les raffineries de France métropolitaine. Désormais deux raffineries de pétrole sur huit sont à l'arrêt. Dans les Bouches-du-Rhône, la raffinerie de Lavéra, près de Martigues, a été arrêtée dimanche, a annoncé la CGT Chimie. Même chose pour la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne), lundi, qui assurait jusque-là une production minimum. La CGT prévoit ainsi une baisse de 20% de la production de carburant dans les prochains jours. En revanche, la plupart des dépôts pétroliers (ils sont près de 200 dans l'Hexagone, on y stocke le carburant) fonctionnent normalement, même si des blocages ponctuels ont lieu sur certains d'entre eux.

Dimanche sur franceinfo, Emmanuel Lépine, secrétaire général de la CGT Chimie, a assuré que les syndicats de la branche pétrole "ont la volonté de faire la même manipulation" (c'est-à-dire, arrêter la production) dans plusieurs raffineries de France. Des assemblées générales sont d'ailleurs prévues dans d'autres raffineries, dont celle de Feyzin, dans le Rhône. Le secrétaire général de la CGT Chimie a également rappelé que "les remorqueurs de Fos-sur-Mer ne branchent plus les bateaux sur le port pétrolier. Au Havre c'est la même chose, les portuaires sont en grève." 

Des blocages de dépôts de bus

Vendredi, la veille du premier jour des vacances scolaires de Noël, deux dépôts de bus de la RATP ont été bloqués en Île-de-France par des grévistes. Un troisième dépôt a également été touché, mais pas totalement bloqué. 

Ces blocages perdurent durant cette semaine de Noël. A Quimper (Finistère), des manifestants de la CGT, de FO et de Solidaires et des "gilets jaunes" ont bloqué le dépôt du réseau de bus QUB, lundi dans la matinée, a indiqué la société de transports Keolis. Selon France Bleu Breizh Izel, le trafic a été interrompu entre 6 heures et 8h45. Un seul bus a réussi à partir du dépôt avant 6 heures tandis que, d'ordinaire, entre 6 heures et 9 heures, une trentaine de bus circulent dans les rues quimpéroises. En Ile-de-France, mardi, un bus de la RATP n'a pas pu quitter son dépôt de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Dès 4 heures du matin, une cinquantaine de grévistes avait mis en place un barrage filtrant, laissant passer deux à trois véhicules toutes les demi-heures.

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