Mal-logement : Thomas vit depuis dix ans sous une tente en Seine-Saint-Denis
La Fondation Abbé Pierre estime que quatre millions de personnes n'ont pas de logement ou sont mal-logées en France. Ce sont de plus en plus des personnes isolées, comme Thomas qui vit sous une tente en Seine-Saint-Denis.
"C'est un terrain qu'on squatte", décrit Thomas, un sans-domicile âgé de 60 ans. Il s'agit d'un terrain à Gagny, en Seine-Saint-Denis, où "il n'y a pas de maison, il n’y a rien". Il nous montre sa tente : "C'est toute ma maison, je vis là-dedans." Pour lutter contre le froid, il utilise des cageots pour isoler du sol. "Je partage avec les chats, et des fois, je dors avec eux", continue le sans-domicile qui joue de la guitare en gardant le sourire. Il vit depuis plus de dix ans dans la rue.
La Fondation Abbé Pierre, lui vient en aide, par l'intermédiaire de la boutique solidarité qui est un accueil de jour. L’association de lutte contre le mal-logement a publié jeudi 30 janvier son rapport annuel. Elle estime que quatre millions de personnes n'ont pas de logement ou sont mal-logées en France. Elle souligne aussi que les sans-domicile sont de plus en plus souvent des personnes seules. Selon la Fondation, sur les 143 000 Français sans-domicile, 65% sont sans conjoint ni enfant à charge.
Des sans-domicile "écartés des dispositifs"
Thomas n'a pas toujours vécu sous une tente. "Je travaillais pour des entreprises, je faisais de l'électrotechnique, explique-t-il. J'avais une femme et une enfant, une vie normale". Selon lui, cette vie bascule à la suite de son divorce : "Normalement, c'est elle qui devait partir de la maison. Mais je me suis dit non, elle y reste avec l’enfant."
J’ai laissé la maison, j'ai tout signé et je suis parti.
Thomas, sans-domicileà franceinfo
Pour Nadia Thibault, éducatrice spécialisée à la boutique solidarité, la situation de ces personnes isolés s'est dégradée. "Il y a une sorte de paradoxe. On multiplie les dispositifs mais les travailleurs sociaux du terrain ont l'impression que les droits deviennent de plus en plus compliqués pour que les personnes puissent y accéder." Pour l'éducatrice, "Thomas représente un certain nombre de personnes" vivant dans la rue ce qui les "a tout de suite écartées des dispositifs, jusqu'à ce qu'ils les refusent d'un seul coup et en bloc".
Thomas se dit maintenant : 'je vais vivre ma petite vie'. Et au fur et à mesure, il s'éloigne
Nadia Thibault, éducatrice spécialiséeà franceinfo
Un éloignement que l'on constate quand on demande à Thomas ce qu'il ferait si on lui proposait un logement. "Tu vas proposer un appartement mais il faut travailler pour payer cet appartement, résume-t-il. On se dit donc que la proposition est nulle. Tu vas rentrer dans un truc... Dans un un mois, je te le dis, tu es dehors. Alors je préfère être dans une tente, sous une bonne couverture et une bonne couette. Déjà, on n'a pas froid."
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