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"Quand il pleut, on est inquiets" : à Marseille, un an après le drame de la rue d'Aubagne, le traumatisme est toujours là

Le 5 novembre 2018, trois immeubles de la rue d'Aubagne s'effondraient, faisant 8 morts. Un an après, les habitants ont toujours l'impression d'être abandonnés.

Article rédigé par Olivier Martocq - Edité par Bastien Munch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La rue d'Aubagne, à Marseille, le 8 janvier 2019. (ALEXANDRE BARLOT / RADIOFRANCE)

Les traces visibles du drame s'estompent. Les gravats ont disparu depuis longtemps. À la place des trois immeubles effondrés, il y a un trou. Les murs mitoyens des vieux bâtiments de la rue d'Aubagne à Marseille, qui donnent dessus, ont été rénovés et peints en blanc. Mais pour les habitants de ce quartier populaire, plus rien ne sera jamais comme avant. "Cela fait bizarre de savoir qu'il y a eu des morts quand même", avoue cette habitante. "Comme j'ai connu cette rue d'Aubagne et comme je la connais maintenant, j'ai de la peine et de la rage. Une colère que vous ne pouvez pas vous imaginer." Un autre habitant confirme : "Franchement, ça fragilise les gens, ça nous a foutu un coup."

Aujourd'hui, le quartier est complètement mort.

Un habitant

à franceinfo

Le 5 novembre 2018, l’effondrement de trois immeubles de la rue d’Aubagne, à Marseille, avait fait 8 morts. La catastrophe a mis en lumière l’habitat indigne au cœur de la cité phocéenne, dans l’hypercentre, à deux pas de la Canebière et du Vieux-Port. Ce drame a surtout déclenché un mouvement de panique des autorités municipales, qui ont fait évacuer 371 immeubles menacés de périls. Plus de 3 500 personnes se sont donc retrouvées à la rue du jour au lendemain. La moitié est toujours hébergée dans des conditions précaires et dans l’attente d’un relogement, ou de pouvoir rentrer chez elles. Pour beaucoup, cette situation, qui devait être temporaire, perdure.

"C'est une vie de bohème"

Il y a aussi cette inquiétude quasi permanente chez les habitants. "Quand il pleut, on est inquiets. Il y a des pierres qui tombent d'un immeuble donc ça rappelle de très mauvais souvenirs, confie cette habitante. On ne regarde pas les fissures et les immeubles mitoyens de la même manière. Tout le monde surveille tout le monde. Cela fait un an, mais on a l'impression que c'était hier parce que rien n'a changé, rien n'a bougé, rien n'a été expliqué, aucune information ne nous a été donnée."

Qui sont les responsables ? En tout cas, tous les élus qui étaient là sont encore à leur poste.

Une habitante

à franceinfo

Dans ce quartier de Noailles, où de nombreux immeubles ont été évacués préventivement, Laurent, propriétaire d'un appartement, s'est retrouvé du jour au lendemain à la rue. "C'est une vie de bohème. On n'est pas chez soi, on n'a pas d'endroit pour se relâcher, on est loin des écoles pour les enfants. Ce qui est embêtant dans cette période-là, c'est qu'on n'avait aucune communication officielle de personne, continue-t-il. J'ai appris que je pouvais rentrer presque par hasard. La rue d'Aubagne mettra du temps à retrouver quelque chose."

Des financements entre l'État et la métropole sont annoncés pour 314 immeubles et près de 2 000 logements, désormais référencés comme insalubres par les pouvoirs publics dans ce quartier.

A Marseille, un an après le drame de la rue d'Aubagne, le traumatisme est toujours là - Le reportage d'Olivier Martocq

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