"À la longue, je n'ai plus aucune exigence" : en Allemagne, la recherche d'un logement est un parcours du combattant

La Banque centrale européenne (BCE) doit se prononcer sur les taux directeurs jeudi 7 mars, une décision très attendue. Ceux qui souhaitent emprunter pour investir dans l'immobilier espèrent en effet une baisse. Depuis la hausse des taux en 2022, la crise du logement s'est installée en Europe, avec trop peu de constructions pour trop de demandes. L'exemple est parlant en Allemagne, où trouver un logement est un véritable défi que ce soit à l'achat ou à la location.

Dans un quartier du sud-est de Berlin, au troisième étage de l'immeuble à la façade ocre, Anna, 19 ans, a trouvé l'appartement de ses rêves : 35 m2, un balcon et une vue dégagée pour 600 euros de loyer mensuel, et à proximité de l'université Humboldt où elle est étudiante.

"C'est difficile de trouver un logement abordable, cela fait un an et demi que je cherche, soupire la jeune femme. Il y a de moins en moins de visites et parfois il peut y avoir 200 personnes. Dès qu'une annonce est mise en ligne, j'envoie tout de suite un e-mail, dans les deux minutes qui suivent la publication. Cela peut être pour 17 m2 ou même une petite chambre d'étudiant. Honnêtement, à la longue, je n'ai plus aucune exigence."

"Après cinq minutes, j'avais 85 demandes"

Ce jour-là, une dizaine d'autres personnes visitent l'appartement. L'agent immobilier Jean-Loup Raynaud, un Français installé depuis 10 ans à Berlin, a dû faire le tri parmi les dossiers. "J'ai mis l'appartement en ligne sur les plateformes. Après cinq minutes, j'avais 85 demandes. Si je l'avais laissé 24 heures, j'en aurais eu peut-être 2 000 ou 3 000. L'offre est très faible, c'est vraiment le parcours du combattant pour se loger parce que lorsqu'un locataire déménage, via le bouche à oreille, il arrive à trouver un repreneur. Ce genre d'appartement, en 24 heures, c'est réglé."

À Berlin, où 85% des habitants sont locataires, l'arrivée des réfugiés ukrainiens et la baisse du nombre de chantiers ont encore saturé un peu plus le marché. La crise du logement touche toutes les villes allemandes, mais c'est dans la capitale qu'elle est la plus durement ressentie.