Cet article date de plus d'un an.

Inflation : les clients boudent les produits bio, des commerces démontent leur rayon

Entre septembre 2022 et août 2023, les ventes de produits bio ont plongé de 12 % dans les grandes et moyennes surfaces, par rapport à la même période, en 2021-2022. Les consommateurs se serrent la ceinture et tournent le dos au label.
Article rédigé par franceinfo - Romane Brisard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le stand de l'agriculture biologique au Salon de l'Agriculture 2023. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Dans ce supermarché du 16e arrondissement de Paris, les kiwis bio sont à 5,99 euros le kilo, contre 3,95 euros pour ceux issus de l'agriculture conventionnelle. Frédérique, une quinquagénaire qui fait ses courses ici, opte pour les moins chers : "Ce n'est pas bien, je me tape sur les doigts, mais en même temps, les prix font que j'ai été dans un rayon 'normal'. C'est dommage, d'ailleurs...

>> INFOGRAPHIES. Panier de courses franceinfo : le prix de nos 37 produits baisse enfin, mais les perspectives s'assombrissent pour la fin d'année

En moyenne, en 2023, 59% des Français jugent le bio trop cher, un chiffre en augmentation de 5% sur un an. De tels écarts de prix sont visibles sur d'autres produits, dans le même magasin : le yaourt bio est 21% plus cher que le classique ; au rayon jus de fruits, le prix d'une bouteille bio est 45% plus élevé que celles qui ne bénéficient pas du label.

Conséquence de ces surcoûts : une année a suffi à effacer quatre années de progression de ventes pour les rayons bio, selon les données du cabinet NielsenIQ, qui note une perte de 10% des ventes en volume sur les produits bio. 80% des catégories de produits bio ont d'ailleurs vu reculer leurs ventes.

Des agriculteurs renoncent au bio

Depuis environ un an, certaines enseignes démontent donc leur rayon bio, et mélangent les produits. Dans ce supermarché, cela se vérifie au rayon pâtes, où le paquet de coquillettes "classiques" est disposé au même endroit que le paquet de coquillettes bio de marque distributeur. L'objectif est d'inciter les consommateurs à comparer les prix, car avec l'inflation, l'écart de prix entre produits bio et non-bio s'est réduit, souligne NielsenIQ. 

Autre effet de cette baisse drastique des ventes : des agriculteurs n'affichent plus le label sur les étiquettes de leurs produits, afin d'être sûrs de les vendre. D'autres abandonnent tout simplement le bio, et reviennent aux produits chimiques et aux engrais de synthèse. Un contresens selon les professionnels de la filière, alors que le gouvernement veut doubler les surfaces bio d'ici 2030. 

Les clients boudent les produits bio, reportage dans un supermarché à Paris

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.