Inflation : les clients boudent les produits bio, des commerces démontent leur rayon
Dans ce supermarché du 16e arrondissement de Paris, les kiwis bio sont à 5,99 euros le kilo, contre 3,95 euros pour ceux issus de l'agriculture conventionnelle. Frédérique, une quinquagénaire qui fait ses courses ici, opte pour les moins chers : "Ce n'est pas bien, je me tape sur les doigts, mais en même temps, les prix font que j'ai été dans un rayon 'normal'. C'est dommage, d'ailleurs..."
En moyenne, en 2023, 59% des Français jugent le bio trop cher, un chiffre en augmentation de 5% sur un an. De tels écarts de prix sont visibles sur d'autres produits, dans le même magasin : le yaourt bio est 21% plus cher que le classique ; au rayon jus de fruits, le prix d'une bouteille bio est 45% plus élevé que celles qui ne bénéficient pas du label.
Conséquence de ces surcoûts : une année a suffi à effacer quatre années de progression de ventes pour les rayons bio, selon les données du cabinet NielsenIQ, qui note une perte de 10% des ventes en volume sur les produits bio. 80% des catégories de produits bio ont d'ailleurs vu reculer leurs ventes.
Des agriculteurs renoncent au bio
Depuis environ un an, certaines enseignes démontent donc leur rayon bio, et mélangent les produits. Dans ce supermarché, cela se vérifie au rayon pâtes, où le paquet de coquillettes "classiques" est disposé au même endroit que le paquet de coquillettes bio de marque distributeur. L'objectif est d'inciter les consommateurs à comparer les prix, car avec l'inflation, l'écart de prix entre produits bio et non-bio s'est réduit, souligne NielsenIQ.
Autre effet de cette baisse drastique des ventes : des agriculteurs n'affichent plus le label sur les étiquettes de leurs produits, afin d'être sûrs de les vendre. D'autres abandonnent tout simplement le bio, et reviennent aux produits chimiques et aux engrais de synthèse. Un contresens selon les professionnels de la filière, alors que le gouvernement veut doubler les surfaces bio d'ici 2030.
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