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Reportage "L'abondance et l'insouciance, ça n'a jamais existé" : à Marseille, les propos d'Emmanuel Macron ne passent pas auprès des bénévoles du Secours Populaire

La "fin de l'insouciance", la "fin de l'abondance" : ces propos du président ne passent pas auprès des Français les plus modestes. Cet appel à la sobriété heurte les plus précaires, qui se serrent déjà la ceinture.

Article rédigé par Hugo Charpentier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une antenne du Secours Populaire à Marseille. Image d'illustration. (SPEICH FRéDéRIC / MAXPPP)

Après un été bien rempli pour permettre à des familles de partir en vacances, les bénévoles du Secours Populaire de Marseille préparent une rentrée qui s'annonce chargée à cause de l'inflation. "Là, on est en train de préparer les collectes, à la fois sur des supermarchés, mais aussi avec des partenaires d'entreprises, explique Farida Benchaa, la responsable départementale. On s'occupe de 20 000 familles sur le département, ce qui fait à peu près 56 000 personnes en tout. Chaque mois nous amène son lot d'augmentations." 

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Avec un nombre de bénéficiaires qui ne cesse d'augmenter, les propos d'Emmanuel Macron sur la "fin de l'abondance" et la "fin de l'insouciance" l'ont choquée, elle en est restée bouche bée.

"Pour nous, l'action de l'abondance et de l'insouciance, elle n'a jamais existé. Que ce soit pour les familles ou pour même les responsables du Secours populaire ou ceux qui organisent les solidarités."

Farida Benchaa, responsable départementale du Secours Populaire Marseille

à franceinfo

Elle le martèle : "Voir c'est comprendre, il faut voir pour comprendre". Et insiste : "Quand vous avez des jeunes mamans seules qui se questionnent sur comment elles vont finir le mois, vous avez presque envie de mettre la main à la poche. L'abondance et l'insouciance, ça n'a jamais existé."

"La déconnexion avec le monde réel"

Linda est bénéficiaire et bénévole du Secours Populaire depuis une dizaine d'années : elle s'occupe de 150 familles dans les quartiers Nord de Marseille. "Ils n'ont qu'un colis alimentaire par mois, vous croyez que c'est l'abondance ? s'indigne-t-elle. Des familles de sept ou huit, avec un pack de lait, vous croyez qu'ils vont le garder un mois ?"

"Je trouve que c'est inhumain ce qu'il fait, ça signifie qu'il n'a rien compris et qu'il est incompétent pour moi. Ça prouve la déconnexion avec le monde réel."

Linda, bénévole au Secours Populaire

à franceinfo

D'après cette Marseillaise de 47 ans, Emmanuel Macron et son gouvernement sous-estiment à quel point la précarité menace aussi les classes moyennes. "Pour eux, ce sont toujours les mêmes catégories de personnes qui viennent, mais ils se trompent, développe-t-elle. Même des gens qui ont des maisons, ils n'y arrivent plus. Il y a des jeunes qui sont surendettés, et ce n'est pas parce qu'ils font des excès ! Plus ça va, plus ils travaillent et plus il faut payer, donc ils ne s'en sortent plus." Une vie faite de sacrifices qui rythme aujourd'hui le quotidien de plusieurs millions de Français. 

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