Transports : le gouvernement freine sur la construction de lignes TGV
Il devrait privilégier les modernisations d'infrastructures et prioriser les projets, comme le préconise la commission Mobilité 21.
"Le mensonge est d'avoir laissé entendre qu'on pourrait faire plus de 250 milliards d'investissements dans les vingt prochaines années !" Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, accuse, dans une interview à L'Usine nouvelle publiée jeudi 27 juin, le précédent gouvernement d'avoir commis "une erreur et un mensonge" concernant les grands projets d’investissements dans les transports.
Dans la foulée, le Premier ministre dit partager le diagnostic du rapport de la commission Mobilité 21 sur les transports, mené sous la direction de Philippe Duron. Le document propose notamment de différer la construction de plusieurs lignes de trains à grande vitesse. Il doit être remis jeudi à 15 heures au ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, mais de nombreux pans sont déjà connus.
Que préconise le rapport ?
La commission Mobilité 21 est chargée de "trier, hiérarchiser et mettre en perspective les grandes infrastructures" de transport. Elle a classé les 70 projets élaborés en 2007, après le Grenelle de l'environnement, dans trois catégories : à réaliser d'ici à 2030 ; à réaliser entre 2030 et 2050 ; à réaliser éventuellement après 2050. La commission propose de renouveler cet exercice de classement tous les cinq ans, note Le Moniteur.fr, spécialisé dans le BTP.
Les projets prioritaires. Tops des priorités selon la commission, plusieurs grands projets routiers, comme le chantier concernant la route Centre-Europe Atlantique (RCEA) entre l'Allier et la Saône-et-Loire.
Dans les priorités, il y a aussi la modernisation de nombreux "nœuds ferroviaires", destinés à désengorger le trafic des trains de banlieue et des grandes gares. Ces chantiers, "ingrats mais nécessaires", concernent, entre autres, la gare de Lyon et celle de Saint-Lazare à Paris, la gare Part-Dieu à Lyon ou la gare Saint-Charles à Marseille. "Il y avait des risques de congestion qui pouvaient réduire à néant les efforts de gain de vitesse", explique Philippe Duron.
A l'horizon 2030, le rapport ne retient la construction que d'une seule ligne à grande vitesse (LGV), l'axe Bordeaux-Toulouse.
Les projets mis en sommeil. La construction d'autres lignes destinées aux trains à grande vitesse, telles que Paris-Orléans-Clermont-Lyon, Bordeaux-Hendaye, la fin de la ligne Rhin-Rhône et le barreau Poitiers-Limoges, est renvoyée après 2030.
En revanche, les projets Paris-Normandie et Paca deviendraient non plus des LGV mais des lignes nouvelles, où les trains circuleraient de 200 à 220 km/h. Leur réalisation serait séquencée entre 2030 et 2050.
Parmi les projets sacrifiés figurent aussi des projets routiers en Haute-Savoie, dans les Alpes, en Vendée ou en Bourgogne.
Comment se justifie le gouvernement ?
Pour Jean-Marc Ayrault, ce rapport "fait un diagnostic précis (...) de nos besoins de transports". Dans l'interview accordée à L'Usine nouvelle, il s'adresse directement aux élus, regrettant de voir bon nombre de leur projets de grande vitesse reportés à après 2030. "Le pays est largement maillé, par des voies ferrées et des autoroutes qu'il faut rénover. Je sais que ce grand maillage est imparfait et nous le corrigerons, déclare-t-il. Je leur dis que les nouveaux projets ne sont que la partie émergée d'un iceberg dont le reste est constitué des réseaux qui doivent être profondément rénovés, tant pour les infrastructures que pour le matériel roulant."
Avant même de recevoir le rapport, le ministre des Transports a lui aussi réagi sur RMC, jeudi matin : "La commission Mobilité 21 a fait le tri, à ma demande, dans ces projets. Nous n'abandonnons rien. L'idée, c'est de faire ce qui est utile. Bordeaux-Hendaye, je ne vois pas l'utilité. Marseille-Nice : est-ce adapté ? Il faut régler le problème de la vitesse. Les 4 lignes LGV lancées en même temps ont ruiné les comptes."
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