Pourquoi les élections législatives ont un impact sur les titres en bourse de TF1 et de M6

La perspective d'une privatisation de l'audiovisuel public par le Rassemblement national inquiète les marchés financiers. Cela bouleverserait l'équilibre du secteur des médias, notamment le marché publicitaire.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les logos de TF1 et M6. (MAXPPP)

L'instabilité politique créée par la dissolution de l'Assemblée nationale a des répercussions en cascade. Mardi 11 juin, ce sont les groupes TF1 et M6 qui ont vu leurs actions chuter en bourse. À la clôture, le titre TF1 avait perdu 7% et celui de M6 un peu plus de 3%. Ils étaient tous les deux descendus encore plus bas dans l'après-midi. Si le Rassemblement national arrive au pouvoir à l'issue des élections législatives, ce qui n'est pas exclu, il promet de privatiser l'audiovisuel public. Le parti d'extrême droite ne dit pas trop comment ni dans quels délais, le projet est encore assez flou. Mais cela inquiète les marchés financiers car les médias privés en subiraient les conséquences, surtout les télévisions.

Un secteur qui serait bouleversé par la privatisation de l'audiovisuel public

L'arrivée d'un ou de plusieurs nouveaux concurrents bouleverserait l'équilibre du secteur. TF1 et M6 connaîtraient forcément un déclin de leurs revenus parce que le gâteau publicitaire se rétrécirait encore un peu plus, alors qu'il est déjà cannibalisé par les plateformes américaines et cela devrait être pire dans les années à venir.

Une récente étude de l'Arcom et du ministère de la Culture montrait qu'en 2030, les grands acteurs du numérique capteraient 65% des ressources publicitaires, contre 52% aujourd'hui, et 25% seulement il y a dix ans. On parle là essentiellement de Facebook, Instagram, WhatsApp, Google, YouTube, Amazon et TikTok. Les annonceurs préfèrent désormais aller sur ces sites plutôt qu'à la télévision, un média aux audiences vieillissantes.

Des recettes numériques insuffisantes pour compenser

Mais les chaînes privées ont aussi des recettes numériques aujourd'hui. Elles vont passer de 800 millions d'euros à 1,2 milliard d'euros en 2030, toujours d'après cette étude. TF1 et M6 ont développé et investi beaucoup d'argent dans leurs propres plateformes de streaming. Mais cela ne fait que limiter la casse et ne compensera pas le recul de leurs revenus publicitaires sur le linéaire. Dans ce contexte, imaginons que France 2, France 3, France 4, France 5 soient privatisées, il ne resterait plus que des miettes aux télévisions historiquement privées. Voilà pourquoi certains analystes financiers estiment qu'une privatisation totale est carrément impossible.

Pour la radio, c'est exactement le même cas de figure, le marché publicitaire serait incapable d'absorber l'entrée de nouvelles stations privées. La différence, c'est qu'il n'y a pas qu'une petite poignée d'acteurs qui s'approprie actuellement la majeure partie des ressources. En radio, le partage est beaucoup plus morcelé.

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