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La pauvreté plus fréquente en Outre-mer qu'en métropole : "le chariot est presque vide", témoigne une mère célibataire de la Réunion

Selon une étude de l'Insee, la pauvreté est cinq à quinze fois plus fréquente dans les départements et régions d'Outre-mer que dans l'Héxagone. Nous avons rencontré une famille réunionnaise durement frappée par l'inflation.

Article rédigé par Yannick Falt, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Photo d'illustration d'un marché de Saint-Denis (la Réunion), en novembre 2021. (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)

Mère célibataire, Natacha vit avec ses trois fils de 19 ans, 10 ans et 18 mois dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis, l'un des plus populaires de la Réunion. La moitié de la population active est au chômage, plus d'un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté, un tiers dépend d'une prestation sociale. Elle a du mal à joindre les deux bouts avec son RSA et l'inflation qui grimpe :  "Avant quand on venait dans une grande surface avec 50-60 euros, on voyait des trucs dans le chariot et maintenant quand on regarde, le chariot est presque vide. C'est trois yaourts, les œufs, les goûters pour les enfants... On arrive à 67 euros. On n'arrive plus à avancer, à la fin du mois, on n'a plus rien sur le compte."

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À la Réunion comme dans l'ensemble des départements et régions d'Outre-mer, la pauvreté est "cinq à quinze fois plus fréquente" qu'en métropole, selon une étude de l'Insee, publiée lundi 11 juillet. Près de 18% des Français en grande pauvreté résident dans les DROM (départements et régions d'Outre-mer), alors que ces territoires ne représentent que 3% de la population française.

La voiture "dort au parking"

À l'image de Natacha, les familles monoparentales sont les plus touchées par ces difficultés financières, de même que les foyers regroupant plusieurs familles ou générations et les personnes seules.  Avec les prix qui augmentent, ce sont les dépenses non essentielles qui se font désormais encore plus rares, regrette la mère de famille : "On calcule, on est obligés de prendre les trucs les moins chers et faire plaisir aux enfants, parfois c'est dur. Aller au McDo, c'est une fois dans le mois qu'on a un petit peu de sous en plus."

"On explique aux enfants, mais c'est dur pour eux. Ils veulent avoir le ballon à 10 euros, ce n'est pas évident parce qu'ils n'arrivent pas à comprendre pourquoi les autres ont et eux n'ont pas".

Natacha, mère de trois enfants

à franceinfo

Pas de budget loisirs, des vêtements achetés moins souvent. En revanche, les frais liés à la voiture sont les privations les moins courantes, selon l'étude de l'Insee. Natacha a économisé longtemps pour acheter un véhicule : "Cela m'a pris 17 ans pour acheter une voiture. J'ai amassé de l'argent tous les mois. Parce que prendre le bus avec les enfants, ce n''est pas évident. Et puis sortir un peu les enfants aussi du quartier, le week-end." Mais ces excursions sont très exceptionnelles : "La voiture dort en ce moment dans le parking parce que ça coûte trop cher : 70 € l'essence, ce n'est pas évident". 

Natacha s'estime chanceuse d'avoir un logement social. Dans le parc privé, elle ne pourrait pas s'en sortir. Quant aux vacances, la quadragénaire n'a jamais quitté la Réunion avec ses enfants. Les deux grands rêvent de Disneyland Paris. Un rêve inatteignable pour le moment, ce qui n'empêche pas leur mère de toujours garder le sourire qui illumine son visage. "Mieux vaut garder le sourire, sinon on ne vit plus", résume-t-elle.

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