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"Il y a trop de laissés pour compte dans les démocraties", pour Monique Chemillier-Gendreau

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"Il y a trop de laissés pour compte dans les démocraties", pour Monique Chemillier-Gendreau
"Il y a trop de laissés pour compte dans les démocraties", pour Monique Chemillier-Gendreau "Il y a trop de laissés pour compte dans les démocraties", pour Monique Chemillier-Gendreau
Article rédigé par franceinfo
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Monique Chemillier-Gendreau, auteure notamment du livre de questions-réponses "Régression de la démocratie et déchaînement de la violence", est l'invitée du 23h de franceinfo. Elle revient sur la violence qui a émaillé plusieurs démocraties dans le monde ces derniers mois.

Y'a-t-il un constat de la montée de la violence au sein des manifestations et dans la police dans les démocraties ? La professeure émérite de sciences politiques et de droit public à Paris Diderot, et spécialiste du droit international, Monique Chemillier-Gendreau, analyse ce phénomène. "Il y a manifestement un cadre historique, en France avec les 'gilets jaunes', à Hong Kong ou au Chili, en Algérie, au Soudan. D'un bout à l'autre de la planète, la violence déborde. Dans les pays qui se disent démocratiques, on se dit plus étonné qu'ailleurs. Mais moi je ne suis pas si étonnée que cela parce que ces démocraties étaient des démocraties usées, fatiguées et usées de n'avoir été que des accumulations de recettes : la séparation des pouvoirs, le multipartisme, l'État de droit… comme si avec des recettes on pouvait s'assurer de fonder une communauté politique", témoigne la juriste.

"Les gens se voient exclus"

Ce qui manque donc, serait le fait de ne plus appartenir à la même communauté ? "La communauté politique, Hannah Arendt appelait ça 'l'association politique des hommes libres'. Le problème dans les associations nationales, c'est qu'il y a trop de laissés pour compte qui ne se considèrent pas comme partie prenante", ajoute Monique Chemillier-Gendreau. Quelles mesures prendre alors ?
"Emmanuel Macron reste le président des gagneurs, des startups, des jeunes de grandes métropoles, ceux qui ont un projet de vie, et il a oublié la crise des territoires. Et on s'aperçoit que des quantités de gens se voient exclus de la vie politique de la vie tout court", ajoute-t-elle. Les débats sont-ils des réactions ou catalyseurs pour recréer de la discussion ? "Si l'esprit n'y est pas, ça ne servira à rien (…) il faut aller plus profond pour comprendre ce qui se passe dans nos sociétés. Or une vraie démocratie assume la pluralité, nous sommes hétérogènes et on va vers un système de plus en plus homogène", termine Monique Chemillier-Gendreau.

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