"Mépris et foutage de gueule", "mensonge" : les syndicats réagissent à la prise de parole d'Emmanuel Macron sur la réforme des retraites
Emmanuel Macron a répondu aux journalistes de France 2 et TF1, mercredi 22 mars à 13 heures, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation syndicale contre la réforme des retraites. Le chef de l'Etat a regretté que les syndicats n'aient pas présenté de "proposition de compromis" sur le texte et il a défendu la "légitimité démocratique" de sa réforme après le rejet par les députés des deux motions de censure. Il a également assuré vouloir "réengager" le dialogue sur les conditions de travail avec les partenaires sociaux.
>> Réforme des retraites : suivez notre direct après la prise de parole d'Emmanuel Macron
Philippe Martinez (CGT) : "Du foutage de gueule"
Les propos d'Emmanuel Macron lors de son interview mercredi midi sont "du foutage de gueule et du mépris pour les millions de personnes qui manifestent", a réagi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "C'est lunaire, cette interview. C'est : tout va bien, je fais tout bien, il ne se passe rien dans la rue. Le président de la République est sûr de lui, de ce qu'il fait. C'est grave. Il n'y a aucune réponse."
Alors qu'il y a "une mobilisation historique" des Français contre la réforme, Emmanuel Macron "fait un bilan très positif de ce qu'il a fait". Philippe Martinez constate que le chef de l'Etat "continue de dire qu'il n'y a pas eu de propositions alternatives" alors que les syndicats "ont tous fait des propositions alternatives", assure-t-il.
Philippe Martinez a en outre jugé "proprement scandaleux" de "comparer la situation en France avec ce qui s'est passé aux Etats-Unis" à la suite à l'élection de Joe Biden et "l'envahissement du Capitole par des hordes d'Américains plutôt d'extrême droite". Le patron de la CGT plaide pour que le mouvement de mobilisation "s'amplifie" face à un président "hors-sol" et qui "devient une caricature".
Laurent Berger (CFDT) : "Déni et mensonge"
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a accusé le président de la République d'avoir menti sur la position de la CFDT sur les retraites, "pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste". "Déni et mensonge ! a-t-il réagi sur Twitter. La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron 2019 l'avait compris, il avait repris notre ambition d'un système universel. Macron 2023 refait l'histoire et ment sur la CFDT".
Laurent Berger dénonce une intervention qui n'était pas faite "pour apaiser" mais "pour expliquer qu'on avait mal compris et que par ailleurs il était le seul camp de la responsabilité".
Michel Beaugas (FO) : "C'est nier l'évidence"
Michel Beaugas, secrétaire confédéral Force Ouvrière, a accusé le chef de l'État de "mentir aux Français". "C'est la méthode Coué, c'est nier l'évidence", s'insurge-t-il. Michel Beaugas affirme que "contrairement à ce que dit le président de la République" l'intersyndicale "a fait des propositions". "Nous avions tous la volonté d'aboutir à un compromis avec le gouvernement en matière d'emploi et de salaires, on disait d'attendre, de voir comment réagit le marché du travail", explique le syndicaliste sur franceinfo. Il déplore que "toutes [les] propositions aient été balayées d'un revers de main".
François Hommeril (CFE-CGC) : "Une provocation" et "un disque rayé"
"C'est une provocation", juge François Hommeril, président du syndicat des cadres CFE-CGC, qui s'est dit globalement "très choqué" par l'interview du chef de l'Etat. "Moi, je n'en peux plus de ces leçons de responsabilité", a t-il déclaré. Evoquant un "disque rayé", il a ajouté qu'Emmanuel Macron faisait "comme si rien ne s'était passé depuis deux mois, comme si la Terre s'était arrêtée de tourner". "Il est parti sur la Lune, peut-être qu'il était avec Thomas Pesquet, je ne sais pas, quelque part dans la navette spatiale...", a-t-il grincé.
Erik Meyer (SUD-Rail) : "Emmanuel Macron refait l'histoire"
"Emmanuel Macron et son gouvernement refont l'histoire", a dénoncé Erik Meyer, secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail. "C'est faux" de dire que les syndicats n'ont pas fait de "proposition de compromis", dit Erik Meyer, qui pointe un gouvernement et un président "qui ont refusé toute négociation pour discuter des financements à venir des caisses des retraites". Selon lui, "c'est le gouvernement qui a refusé tout compromis". Erik Meyer a dénoncé un président "dans le déni du climat social dans le pays". "Pour nous et pour l'ensemble des syndicats, il n'est pas question de passer à autre chose. Nous continuerons à lutter contre cette mauvaise réforme qui va créer un impôt sur la vie", a-t-il terminé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.