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Proposition de loi Liot sur les retraites : les oppositions dénoncent un "coup de force" après le refus d'amendements sur le report de l'âge légal

La présidente de l'Assemblée nationale a annoncé mercredi qu'elle ferait barrage à l'examen de la mesure souhaitant abroger le report du départ de l'âge à la retraite à 64 ans, suscitant l'ire de l'opposition.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, le 6 juin 2023. (BERTRAND GUAY / AFP)

C'est peu dire que la matinée était agitée, mercredi 7 juin, à l'Assemblée nationale. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a annoncé mercredi sur BFMTV qu'elle déclarerait irrecevable jeudi tout amendement rétablissant l'article 1 de la proposition de loi du groupe Liot visant à abroger le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Et au Palais Bourbon, sans surprise, les oppositions dénoncent un coup de force.

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Une colère que partagent tous les groupes d'opposition, comme au Rassemblement national. "C'est un tournant dans ce quinquennat, fulmine Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée. Le président de la République envoie le signe qu'il piétine désormais les institutions. Il n'a pas de majorité, il piétine les députés de l'opposition, qui sont les représentants du peuple français !"

Un "précédent grave", "une première sous la Ve République"

Tous dénoncent un précédent grave, une première sous la Ve République : revenir sur la recevabilité d'un texte. Mais cette décision n'est pas illégale, et respecte tant la Constitution que le règlement de l'Assemblée. D'où la nécessité de poursuivre ce combat de procédure contre procédure pour parvenir coûte que coûte à voter sur le report de l'âge légal à 64 ans. "Il y aura un vote sur les 64 ans qui sera peut être moins normatif et plus déclaratif, explique le député socialiste de l'Eure Philippe Brun. Il y a un certain nombre d'amendements de nature plus déclarative et qui ne sont donc pas contraires à l'article 40 de la Constitution qui nous permettraient de recueillir une majorité de députés et de démontrer enfin que l'Assemblée nationale est majoritairement défavorable à la réforme des retraites."

La France insoumise, de son côté, pense à récupérer le texte des Liot pour le redéposer à la rentrée prochaine. La patronne des Insoumis à l'Assemblée, Mathilde Panot, l'assure : la partie n'est pas terminée. "Vous avez des recours !, souligne-t-elle. Alors certes, ils sont peu nombreux, mais si vous passez devant le Conseil d'État, vous pouvez ensuite aller devant la Cour européenne des droits de l'homme. Et nous le ferons là aussi !"

"Nous ne pouvons pas laisser passer. Rendez-vous compte le précédent que c'est en train de créer ?"

Mathilde Panot

à franceinfo

La France insoumise déposera également une motion de censure jeudi pour tenter de renverser le gouvernement. L'exécutif avait eu quelques frayeurs la dernière fois : cette motion avait échoué à neuf petites voix près. Le Rassemblement nationale annonce qu'il la votera. Liot tranchera de son côté mercredi soir en réunion de groupe.

Yaël Braun-Pivet a "failli à sa charge"

Toutes ces oppositions sont dirigées contre Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, à commencer par le chef des Liot Bertrand Pancher. "Yaël Braun-Pivet a failli à sa charge en faisant en sorte de durablement affaiblir l'Assemblée nationale et par conséquent porter un coup très grave à la séparation des pouvoirs en France, qui est le fondement même de toute démocratie."

D'autres pensent qu'elle n'a plus sa place au perchoir. Pour l'insoumise Raquel Garrido, elle est surtout victime des manœuvres de la majorité et du chef de l'État. "Qu'est ce qui s'est passé pour que la présidente change d'avis, s'interroge-t-elle. Des menaces, des intimidations ? Je le dis aussi en tant que femme : pas la peine de mettre des femmes Première ministre, de mettre des femmes présidente de l'Assemblée nationale, de mettre des femmes présidente de groupe pour qu'à la fin, l'homme à l'Elysée commande tout le monde à la baguette !"

Aucun député de la majorité n'a passé une tête dans la salle des Quatre-Colonnes. Personne depuis mercredi matin ne s'est déplacé pour faire le service après-vente de ces annonces qui créent de nouvelles turbulences au Palais Bourbon.

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