Quatre choses à savoir sur Yaël Braun-Pivet, première femme élue à la présidence de l'Assemblée nationale
Le parcours politique de cette ancienne avocate, élue députée de la majorité présidentielle en 2017, est marqué par la présidence de la commission des lois et un bref passage au ministère des Outre-mer.
Elle est désormais le quatrième personnage de l'Etat. Yaël Braun-Pivet a été désignée, mardi 28 juin, à la présidence de l'Assemblée nationale. Elue au second tour d'un vote des députés par 242 voix, la députée de la majorité présidentielle devient la 15e présidente de l'hémicycle sous la Ve République et surtout la première femme à occuper ce poste.
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L'Assemblée "a le visage de la France" et "les Français nous enjoignent de travailler ensemble, de débattre plutôt que de nous battre", a déclaré l'élue de 51 ans lors de sa première prise de parole depuis le perchoir. De ses débuts en politique il y a cinq ans jusqu'à son bref passage au ministère des Outre-mer, franceinfo vous résume son parcours.
Une avocate entrée en politique en 2017
Originaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle), Yaël Braun-Pivet est une ancienne avocate en droit pénal. Elle a travaillé plusieurs années au côté du pénaliste Hervé Témime, puissant avocat qui a notamment représenté Bernard Tapie, avant de monter son propre cabinet dans les Hauts-de-Seine. Une "vocation" qu'elle a mise en pause au début des années 2000 pour suivre son mari, cadre chez L'Oréal, à Taïwan, au Japon puis au Portugal, raconte-t-elle sur son site. A Tokyo, elle a occupé le poste de trésorière de la section locale du Parti socialiste, rapporte Le Monde (article abonnés).
De retour en France en 2012, cette mère de cinq enfants s'est engagée auprès des Restos du Cœur en proposant des consultations gratuites d'avocat. En 2016, après avoir "toujours voté PS", Yaël Braun-Pivet a adhéré à En marche. Novice en politique, elle est élue députée l'année suivante dans la 5e circonscription des Yvelines. Elle a ravi le siège au député de droite sortant Jacques Myard, sur les bancs du Palais-Bourbon depuis 1993.
Présidente de la puissante commission des lois
En 2017, la nouvelle députée est choisie pour présider la commission des lois. Sa nomination rompt avec la tradition de nommer une personne expérimentée à ce poste. Ses premiers pas à l'Assemblée nationale lui valent un procès "en amateurisme" des oppositions, mais aussi d'élus de la majorité. Quelques mois après son arrivée au Palais-Bourbon, elle tacle ses collègues macronistes. "On a un groupe qui dort, qui sait pas monter au créneau, qui est vautré", lâche-t-elle en commission des lois, sans prendre garde à son micro resté ouvert.
Yaël Braun-Pivet imprime ensuite sa marque avec des visites collectives de terrain, notamment dans une trentaine d'établissements pénitentiaires. Réputée déterminée, elle brigue le perchoir en 2018 au nom du "renouvellement", mais retire finalement sa candidature au profit de celle de Richard Ferrand. "C'était trop tôt dans mon parcours politique. Je n'étais pas assez armée", confie-t-elle au Figaro (article abonnés).
Yaël Braun-Pivet s'est par ailleurs engagée en faveur de la proposition de loi d'Olivier Falorni sur la fin de vie. Elle a aussi cherché à avancer dans la rénovation de la vie démocratique. Son rejet en 2018 de l'inscription du droit à l'avortement dans le préambule de la Constitution l'a rattrapée ces derniers jours, après la remise en cause du droit à l'IVG aux Etats-Unis. "Il n'est nul besoin de brandir des peurs" en France, assurait-elle alors.
Critiquée lors de la commission d'enquête sur l'affaire Benalla
Le premier mandat de la députée des Yvelines est également marqué par la commission d'enquête sur l'affaire Benalla, à l'été 2018. Corapporteuse de la commission, Yaël Braun-Pivet refuse d'auditionner le secrétaire général de la présidence de la République, Alexis Kohler. Plusieurs députés l'accusent de "protéger" l'Elysée. "Est-ce que l'Elysée souhaite torpiller les travaux de notre commission ? Je le crois, je le crains", lance alors Guillaume Larrivé, corapporteur Les Républicains. Le député de la France insoumise Alexis Corbière qualifie même Yaël Braun-Pivet de "Benalla de l'Assemblée nationale".
"Nous ne sommes aux ordres de personne", rétorque l'élue macroniste. Mais la commission d'enquête finit par exploser après le retrait de l'opposition. Cible de menaces antisémites et d'injures sexistes sur les réseaux sociaux, Yaël Braun-Pivet estime quelques mois après que sa "position était intenable dès le départ". En janvier 2019, elle rejette toute demande de réouverture de la commission d'enquête, malgré de nouvelles révélations sur l'affaire.
Éphémère ministre des Outre-mer
En mai, après la réélection d'Emmanuel Macron, elle est nommée ministre des Outre-mer, "le plus beau portefeuille qui soit", déclare-t-elle lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Sébastien Lecornu. Au cours de la précédente législature, elle avait notamment été rapporteure d'une mission d'information sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Mais moins d'un mois après son entrée au gouvernement, elle quitte son poste. Ce départ précipité fait grincer les parlementaires ultramarins.
Réélue députée dans les Yvelines mi-juin, elle profite parallèlement de la défaite de Richard Ferrand pour prendre sa succession. Désignée candidate au perchoir par son camp politique, elle s'est finalement imposée face à Fatiha Keloua-Hachi (Nupes), Annie Genevard (Les Républicains), Nathalie Bassire (groupe Libertés, indépendants, outre-mer, territoires) et Sébastien Chenu (Rassemblement national). "Il faudra que nous soyons dans l'action, dans une action apaisée. Et le rôle du président de l'Assemblée nationale est aussi de maintenir un climat de débat apaisé entre les uns et les autres", a-t-elle insisté ensuite devant la presse. La tâche s'annonce complexe dans cet hémicycle privé de majorité absolue.
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