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Réforme des retraites : ce qui bloque encore entre le gouvernement d’Elisabeth Borne et Les Républicains sur les carrières longues

La Première ministre a affirmé dimanche qu'elle était prête à étendre le dispositif, en réponse à la demande des députés LR. Mais ces derniers estiment que ce n'est qu'un pas dans la bonne direction.
Article rédigé par franceinfo
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Aurélien Pradié (au centre), vice-président du parti Les Republicains (LR), entouré de députés du groupe, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 janvier 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

C'est une main tendue envers les députés Les Républicains (LR). Dans une interview au Journal du dimanche (article pour les abonnés), Elisabeth Borne a annoncé que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront bénéficier du dispositif carrières longues, avec la réforme. Ces actifs "pourront ainsi partir à 63 ans", et non à 64 ans, a-t-elle précisé.

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Avant le coup d'envoi, lundi, des débats dans l'hémicycle, la cheffe du gouvernement a dit "entendre la demande" des élus de droite, dont les voix sont indispensables pour faire passer la réforme de l'exécutif. Mais de leur côté, les députés LR veulent aller encore plus loin, en limitant la durée de cotisation à 43 annuités pour toutes les carrières longues, comme pour le reste des travailleurs. Franceinfo fait le point.

Ce que dit pour l'instant le projet de loi

Dans le système actuel, le dispositif des "carrières longues" permet à ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans de faire valoir leurs droits à la retraite à 60 ans, et ceux qui ont commencé avant 16 ans de partir à 58 ans, à condition d'avoir suffisamment cotisé (entre 42 et 45 ans selon les cas). 

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Avec la réforme, les règles changent selon l'âge d'entrée dans la vie active. Ceux ayant commencé à travailler avant 16 ans pourront toujours partir dès l'âge de 58 ans. Les travailleurs qui ont validé cinq trimestres entre 18 et 20 ans pourront partir à compter de 62 ans (contre 60 ans actuellement). Les personnes qui ont entamé leur carrière entre l'âge de 16 et 18 ans pourront quant à elles liquider leurs droits quatre ans avant le nouvel âge légal de départ qui devrait être fixé à 64 ans, soit à partir de 60 ans.

Ce qu'a proposé dimanche Elisabeth Borne

Pour aller plus loin que le texte de la réforme, la Première ministre a annoncé vouloir étendre le dispositif des carrières longues aux personnes ayant commencé à travailler entre l'âge de 20 et 21 ans. Elle a précisé que ces actifs "pourront ainsi partir à 63 ans", et non à 64 ans, comme c'est pour l'instant prévu dans le texte du gouvernement.

Au total, la mesure revue "coûtera entre 600 millions et un milliard d’euros par an", a chiffré la Première ministre dans Le Journal du dimanche, et "concernera jusqu’à 30 000 personnes par an".

Ce que demandent encore les députés LR

Ces concessions sont jugées insuffisantes par Les Républicains. Dans un des quelque 1 000 amendements déposés par le groupe à l'Assemblée, les députés LR regrettent que dans le texte de réforme actuel, les Français ayant commencé à travailler tôt doivent cotiser 44 annuités. Ils devront "travailler une année de plus que la durée de cotisation nécessaire pour le taux plein" pour le reste des actifs, fixée à 172 trimestres (43 annuités), déplore l'amendement déposé par Stéphane Viry, l'un des deux responsables du texte retraites chez LR. Il a été cosigné par une cinquantaine d'autres députés. Les députés LR demandent donc à ce que les salariés ayant travaillé entre 16 et 20 ans inclus puissent partir à la retraite après 43 années de cotisation.

Le vice-président du parti, Aurélien Pradié, avait averti le gouvernement qu’il s’agissait là d’un "principe [qui] n'est pas négociable", a-t-il expliqué le 31 janvier sur France 3. Le député du Lot a également exprimé dimanche sur Twitter sa déception face aux concessions d'Elisabeth Borne, qui, selon lui, ne répondent pas aux demandes de son parti. "Celui qui débute tôt sans cinq trimestres est toujours perdant. Celui qui débute à 20 ans aussi", déplore-t-il. Le député insiste, dans un autre message : "Celui qui débute avant 21 ans doit partir dès 43 annuités."

"L'avancée présentée par la Première ministre ne va pas dans le sens de l'amendement déposé par l'ensemble des députés LR", a pour sa part déclaré dimanche sur franceinfo le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont. Ce dernier assure vouloir voter "contre" la réforme des retraites en l'état actuel des choses

Le député Stéphane Viry a résumé dimanche auprès de franceinfo le chemin qui reste à parcourir au gouvernement selon LR. "Elisabeth Borne a ouvert la voie mais il y a encore une marge à donner sur la reconnaissance des carrières longues et sur la primauté donnée aux 43 années de cotisations par rapport à l'âge." Par ailleurs, d'autres questions doivent encore être réglées à ses yeux, notamment sur l'âge de départ des femmes.

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