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Réforme des retraites : l'intersyndicale vise "un rapport de force" avec le gouvernement et "veut arracher des droits nouveaux pour les salariés"

En cette 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, l'intersyndicale, unie depuis janvier, espère bien mobiliser fortement, avant les débats ce jeudi à l'Assemblée sur la proposition de loi du groupe Liot, pour abroger la réforme.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un cortège de l'intersyndicale à Rennes pour la mobilisation contre la réforme des retraites, le 23 mai 2023. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

En cette 14e journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites mardi 6 juin, le trafic sera "très légèrement perturbé" à la SNCF, avec 9 trains sur 10 en circulation en moyenne nationale. La RATP annonce une circulation normale sur son réseau, et dans les aéroports, un tiers des vols sont annulés à Paris-Orly. Partout en France, les syndicats appellent à des manifestations : la priorité reste le retrait de la réforme, car "ce combat-là n'est pas fini", assurent-ils.

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Puisque le gouvernement ne renonce pas à sa réforme, l'intersyndicale, qui est restée unie depuis janvier, espère une forte mobilisation, pour peser et gagner les prochaines négociations. Les manifestants attendent aussi les débats à l'Assemblée nationale, jeudi 8 avril, sur la proposition de loi du groupe Liot, qui vise à abroger la réforme, pour décider de la suite du mouvement. 

"Ça suffit de perdre sa vie à la gagner !"

"C'est un rapport de force avec le gouvernement", souligne Thomas Vacheron, le secrétaire confédéral de la CGT en charge de cette intersyndicale sur les retraites. "On veut se servir du rapport de force, et grâce aux manifestations et aux grèves dans le privé et dans le public, ça donne du rapport de force. Le patronat et le gouvernement travaillent main dans la main, il faut que les organisations syndicales continuent à travailler ensemble." Car les syndicats veulent aussi élargir leurs revendications.

"On veut aussi exiger au gouvernement une augmentation du Smic, des salaires, revenir sur les ordonnances Macron qui amoindrissent les droits des salariés et donnent plus de pouvoir aux employeurs. Il y a beaucoup de sujets qu'on veut négocier."

Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT

à franceinfo

"On veut le retrait, on ne lâchera pas sur cette question des retraites, ça va leur coller comme un chewing-gum aux baskets. Mais en plus, on veut arracher des droits nouveaux pour les salariés. Ça suffit de perdre sa vie à la gagner ! Il y aura des suites, on vous le garantit", glisse Thomas Vacheron. Sur ces nouveaux sujets, l'augmentation des salaires, l'environnement ou encore l'égalité salariale entre les hommes et les femmes, les syndicats comptent travailler ensemble. Des groupes de travail sont constitués, pour trouver des revendications communes et se montrer fort face au gouvernement et au patronat.

L'emploi des seniors reste une priorité

Les syndicats se sont réuni en visioconférence avec les représentants du patronat lundi 5 juin. D'un côté, la CGT, la CFDT, FO, la CFTC et la CFE-CGC pour les salariés, et de l'autre le Medef, la Confédération des petites et moyennes entreprises et l'Union des entreprises de proximité pour les patrons. Ces partenaires sociaux essayent de s'entendre les prochains sujets à mettre à l'agenda social : pour les deux parties, l'une des priorités reste l'emploi des seniors. Mais le dialogue s'annonce âpre après les semaines de mobilisation contre la réforme des retraites.

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Yvan Ricordeau, de la CDFT, prévient le patronat : les syndicats seront très exigeants. "Parce qu'on n'oublie pas que c'est le patronat qui a fait en sorte qu'il y ait dans le projet de loi sur les retraites les mesures les plus basses possibles, et ces mesures-là ont été censurées", assène-t-il. "Donc la CFDT est demandeuse de négociations sur l'emploi des seniors, mais on sera très exigeants sur le contenu, car pour l'instant on n'a pas de gage que les employeurs veulent mettre des objectifs ambitieux en face." La CFDT, premier syndicat de France, avertit aussi le gouvernement : il faut changer de méthode, plaide Yvan Ricordeau. 

"Un exécutif ne peut pas s'enfermer dans une politique jusqu'au-boutiste socialement, contre l'avis de la population comme il l'a fait. C'est très risqué de continuer sur cette logique-là."

Yvan Ricordeau, CFDT

à franceinfo

"La CFDT appelle à beaucoup de responsabilités pour construire désormais des avancées sociales", développe Yvan Ricordeau. "On vit actuellement un mouvement social comme notre pays en a rarement vécu. Ce niveau de mobilisation nous a servis pendant la réforme des retraites pour montrer le niveau d'opposition des salariés et on demande aussi s'en servir. Plus il y aura de manifestants, plus on sera en rapport de force pour négocier ce qui aurait déjà dû être négocié avant la réforme des retraites." Car, si les négociations bloquent encore avec le gouvernement, les syndicats, y compris la CFDT, n'hésiteront pas à relancer les manifestations.

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