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Retraites : ce qu'il faut retenir du nouveau rapport du COR, qui prédit un système toujours déficitaire en 2030 malgré la réforme

Franceinfo a pu consulter le rapport annuel du COR, qui prévoit la trajectoire du système de retraites français sur les prochaines décennies. Les auteurs ont intégré dans leurs prévisions la dernière réforme des retraites.
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Des manifestants lors d'une journée de mobilisation contre la réforme des retraites à Aurillac (Cantal), le 6 juin 2023. (JEREMIE FULLERINGER / MAXPPP)

Demain, un système des retraites toujours dans le rouge ? C'est ce qu'affirme un nouveau rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui doit être publié jeudi 22 juin et que franceinfo a pu consulter. Pour justifier le recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, principale mesure de sa réforme des retraites, le gouvernement avait mis en avant le besoin de réduire le déficit, promettant un système à l'équilibre d'ici à 2030. Objectif déjà raté selon le COR, qui prédit, dans trois des quatre scénarios qu'il a étudiés, que la quarantaine de régimes existants vont rester "durablement en déficit"

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Pour parvenir à leurs prédictions, les auteurs du rapport se sont basés sur quatre hypothèses de gains de productivité différents, de 0,7% à 1,6% par an. Les calculs prennent en compte d'autres éléments, comme l'évolution de la population française "basée sur des prédictions démographiques de l'Insee", qui comprend le taux de natalité ainsi que la balance migratoire, mais aussi le contexte économique futur, notamment la croissance ou le taux de chômage. Franceinfo fait le tour de ce qu'il faut retenir de ce rapport de plus de 300 pages.

Un système déficitaire à l'horizon 2030

Excédentaire en 2021, 2022 et 2023, le système de retraite devrait redevenir déficitaire dans tous les scénarios retenus par le COR dès 2024, malgré la réforme du gouvernement. Le coût de ce déficit représenterait entre 0,2% et 0,3% du Produit intérieur brut (PIB). Sur le long terme, seul un scénario, le plus optimiste, prévoit un retour à l'équilibre "au milieu des années 2040". Pour y arriver, la productivité devrait progresser de 1,6% par an en moyenne, "un taux plus que deux fois supérieur à celui observé entre 2009 et 2020 (+ 0,7%)", souligne Le Monde. Dans le scénario retenu comme référence par le gouvernement "lors de la présentation de la réforme" des retraites (1% de gain de productivité par an) le déficit atteindrait 0,8% du PIB en 2070. 

La part de dépenses de retraite dans le budget va baisser

Les dépenses de retraite rapportées au PIB devraient passer de 13,7% en 2022 à 13,5% à l'horizon 2030 pour le scénario de référence. "Sans la réforme, ce ratio serait resté globalement stable sur cette période", estime le COR. Sur le long terme, la somme consacrée aux retraites baissera dans trois des quatre scénarios étudiés et "varierait ainsi, entre 11,4% et 13,9% du PIB à l'horizon 2070".

Les auteurs notent que "la diminution ou quasi-stabilité des dépenses de retraites (...) peut sembler étonnante au regard du vieillissement démographique attendu", alors que l'Insee prévoit une diminution des actifs dans les décennies à venir. Selon le COR, cet effet est atténué par les réformes successives, qui font reculer l'âge effectif de départ en retraite "et diminuent donc le nombre de retraités".

Une situation différente selon les régimes

Tous les régimes de retraite n'évolueront pas de la même façon, prévient le COR. Les régimes de base des salariés du secteur privé, qui concernent environ 88% de la population qui travaille selon la Sécurité sociale, "seraient déficitaires sur l'ensemble de la période dans trois scénarios sur quatre". Les régimes complémentaires des salariés du privé devraient cependant être "excédentaires" dès cette année. Les régimes des fonctionnaires "connaîtraient des besoins de financement sur toute la période et dans tous les scénarios". Quant aux régimes des "non-salariés", ils devraient être excédentaires "à partir du milieu des années 2030".

Les pensions des retraités en augmentation

Le rapport analyse précisément les conséquences du recul de l'âge de départ à la retraite sur la vie des futurs retraités. Ainsi, le COR estime que la pension moyenne augmentera "en euros constants".

En revanche, si l'on prend en compte la pension cumulée touchée pendant toute la durée de la retraite, certains seront perdants. Selon le COR, la génération née entre 1966 et 1984 verra ainsi sa pension cumulée baisser de 1%, une baisse plus forte pour les hommes (1,1%) que pour les femmes (0,8%). En cause, l'augmentation de la durée d'assurance requise pour le taux plein et "le relèvement de l'âge d'ouverture des droits". Pour les assurés nés après 1984, en revanche, la réforme est positive, avec une augmentation de 0,9% de la pension cumulée – 1% pour les femmes et 0,7% pour les hommes.

Le montant des pensions devrait cependant augmenter moins vite que celui des revenus d'activité. En conséquence, "le niveau de vie des retraités rapporté à celui de l'ensemble de la population serait ainsi compris, en 2070, entre 75,4% et 87,7%, contre 101,5% en 2019". En moyenne plus riches à l'heure actuelle que les travailleurs, les retraités vont perdre du pouvoir d'achat, selon le COR. Cette diminution pourrait cependant être "contrecarrée par une modification du comportement des assurés", qui épargneraient davantage ou partiraient volontairement plus tard à la retraite.

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