Retraites : ultimes négocations du régime Agirc-Arrco, sur fond de tensions entre le gouvernement et les partenaires sociaux
Les partenaires sociaux doivent achever mercredi 4 octobre leurs négociations sur le régime de l'Agirc-Arrco, pour les quatre prochaines années. Cela concerne chaque année 13 millions de retraités, pour un total d'environ 90 milliards d’euros de pension complémentaire, qui s'ajoute à la retraite de base.
Le premier enjeu de ces négociations, c'est la revalorisation de ces pensions, qui doit intervenir au 1er novembre. Les syndicats veulent une hausse équivalente à l'inflation, autour de 5%, alors que le patronat préfère s'aligner sur l'évolution des salaires, autour de 4,6%. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé l'augmentation des pensions du régime général de 5,2% : "Ça va dans notre sens", veut croire la Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC). Autre point de ces négociations : la mise en place du cumul emploi-retraite, qui sera plafonné à un certain niveau de revenus, autour de 40 000 euros annuels.
Un "hold-up" de l'Etat, selon la CGT
Ces négociations doivent aussi composer avec la réforme des retraites, récemment adoptée. Car avec le report de l'âge légal de départ, le malus mis en place en 2019 n'a plus lieu d'être. Il prévoyait une décote de 10% sur les pensions, sauf pour ceux qui acceptaient de travailler un an de plus, 63 ans à l'époque, ce ne sera donc plus le cas. Reste à savoir si cela va concerner uniquement les retraités touchés par la réforme, ou bien tous les retraités du privé.
Actuellement, les caisses de l'Agirc-Arrco sont remplies : 68 milliards d'euros d'excédent au total, et avec le report de l'âge légal à la retraite, l'Agirc-Arrco va dégager encore plus d'argent et augmenter ses excédents : au moins 1 milliard d'euros par an, à partir de 2026, jusqu'à 3 milliards en 2030, estime le gouvernement. Une plus-value sur laquelle l'Etat lorgne pour financer l'augmentation des petites pensions, comme le promet la réforme des retraites.
Réponse des partenaires sociaux : si le matelas de l'Agirc-Arrco est bien garni, c'est parce que le régime est bien géré ! La CGT dénonce un "hold up" ; "hors de question" de financer des mesures que le gouvernement a promis, explique la CFE-CGC ; côté patronat, "on fait front" contre cette ponction, assure la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ; et le président du Medef, Patrick Martin, dénonce "l’interventionnisme" de l’Etat. Surtout que l'Agirc-Arrco a une règle d'or : toujours avoir au moins six mois de réserves sur les quinze prochaines années, pour se protéger en cas de crise. On est actuellement à neuf mois de réserve, ce qui doit justement permettre de faire disparaître le malus et de revaloriser les pensions, sans s'endetter. Si les partenaires sociaux refusent de céder, l'exécutif envisage d'inscrire ce prélèvement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, via un amendement.
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