Rétropédalage d'Agnès Buzyn sur l'âge de la retraite : "Est-ce qu'il y a des sujets tabous ? C'est à cette question qu'elle répondait", défend un député LREM
Le député LREM Olivier Véran, rapporteur général de la commission des affaires sociales, plaide le malentendu et assure que la négociation en cours "ne traite pas de la question de l’âge de départ à la retraite".
Non, Agnès Buzyn ne s'est pas fait taper sur les doigts, et elle n'a jamais envisagé de repousser au-delà de 62 ans l'âge du départ à la retraite : c'est l'explication du député LREM Olivier Véran pour expliquer le revirement de la ministre des Solidarités et de la Santé. Rapporteur général de la commission des affaires sociales, Olivier Véran était l'invité de franceinfo, mercredi 20 mars.
Dimanche, sur LCI, la ministre des Solidarités et de la Santé envisageait de repousser l'âge de départ à la retraite au-delà des 62 ans, assurant qu'elle n'y était "pas hostile". Deux jours plus tard, mardi, devant l'Assemblée nationale, elle se reprenait en affirmant qu'"aucune modification de l'âge minimal de départ à la retraite" n'était envisagée.
franceinfo : Que s’est-il passé entre ces deux déclarations ? Agnès Buzyn s'est-elle fait taper sur les doigts ?
Olivier Véran : Pas du tout. Agnès Buzyn s'est d'avantage exprimée sur la durée de cotisation que sur l'âge de départ à la retraite. Ce sont deux paramètres distincts. Je crois qu'il est essentiel d'en rester au cœur de la réforme telle qu'elle a été promise par le président de la République pendant la campagne et telle qu'elle est en négociation avec les partenaires sociaux. C'est-à-dire qu'on ne parle pas de l'âge de départ à la retraite mais de la simplification des régimes. Il y en a 42 aujourd'hui. D'ici 2025, il n'y aura plus qu'un seul régime et un euro cotisé donnera lieu aux mêmes prestations pour tous les Français. C'est la première réforme des retraites qu'on peut mener sans avoir l'épée de Damoclès de l'équilibre financier au-dessus de la tête. Le régime d'aujourd'hui est plutôt équilibré, donc on ne fait pas une réforme pour des économies mais pour plus de justice et d'équilibre.
Vous pouvez dire très clairement que la barre des 62 ans ne changera pas avec la réforme ?
Ce que je peux dire aux Français, c'est que ce qui est en cours de négociation avec les partenaires sociaux, c'est une réforme qui ne traite pas de la question de l’âge de départ à la retraite. Maintenant, il ne vous aura pas échappé que des propositions ont pu être formulées notamment sur les retraites au cours du grand débat national. Et c'est à cette question que la ministre répondait : est-ce qu'il y a des sujets tabous en matière de protection sociale ? La réponse est par essence non puisque nous nous sommes engagés à aborder l'ensemble des questions, des problématiques qui intéressent les Français. Redonnons-nous rendez-vous dans deux ou trois semaines pour voir si c'est une question qui revient, je n'en suis pas convaincu. Et à titre personnel, je considère que nous n'avons pas vocation à modifier l'âge de départ à la retraite.
Est-ce que le gouvernement ne joue pas un peu sur les mots ? Le projet de réforme des retraites prévoit effectivement de maintenir la barre des 62 ans mais il veut également inciter les Français à travailler plus longtemps avec un système de bonus pour "gonfler" les pensions.
L'objectif, c'est que chacun puisse partir à la retraite avec les revenus qui lui sont nécessaires. Le système public des retraites doit donc permettre aux Français qui souhaitent travailler davantage pour cotiser davantage, de toucher des pensions de retraites plus importantes. C'est une possibilité qui existe déjà et qui doit perdurer dans le temps, voire être renforcée, mais encore une fois cela n'influence absolument pas l’âge de départ à la retraite en lui-même.
Faut-il revaloriser les pensions de retraite dès cette année ?
Il y a trois possibilités : soit, pour toutes les retraites, les réindexer sur l'inflation ; soit les revaloriser pour un certain niveau de pension de retraite, et donc au-dessus d'un certain revenu on aurait encore une sous-indexation comme cela a été voté l'année dernière par le Parlement ; soit ne rien faire. Moi, je suis garant de l'équilibre du budget de la protection sociale à l'Assemblée nationale, je suis très attaché à ce qu'on réduise la dette. Mais je suis aussi très attaché au pouvoir d'achat et notamment celui des retraités. C'est un débat au sein du groupe majoritaire. Je suis prêt à tout aborder mais, surtout, à financer le grand plan dépendance qui est un sujet majeur pour les Français.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.