: Vidéo Retraites : "Pas de retard à l'allumage" pour une application au 1er septembre, assure la Caisse nationale d'assurance vieillesse
Renaud Villard, directeur général de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, qui représente les 38 millions de personnes affiliées au régime général, dont 15 millions de retraités, a assuré mercredi 31 mai sur franceinfo que l’examen du texte le 8 juin de la proposition du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) visant à abroger le relèvement de l'âge légal à 64 ans, "ne changera pas les règles du jeu au 1ᵉʳ septembre", date d’application de la réforme des retraites.
"Si elle devait être adoptée en première lecture à l'Assemblée, elle n'aurait aucun effet sur la réforme actuellement en vigueur", assure-t-il. La commission des affaires sociales se penche dès ce mercredi sur l'examen de la proposition du groupe Liot avant un examen dans l'hémicycle le 8 juin.
franceinfo : Est-ce que vous vous êtes préparé à tous les scénarios, y compris à celui où cette réforme n'entrerait pas en vigueur ?
Renaud Villard : Non, parce que ce n'est pas possible en termes de calendrier parlementaire. Cette proposition de loi, d'ailleurs, peut introduire presque une forme d'incompréhension chez les assurés. Si elle devait être adoptée en première lecture à l'Assemblée, elle n'aurait aucun effet sur la réforme actuellement en vigueur. En revanche, les assurés se diront : je l'ai entendu sur franceinfo, ça y est, ça a été abrogé. Ce qui crée beaucoup de confusion alors qu'en réalité ça ne changera pas les règles du jeu au 1ᵉʳ septembre. Et on risque d'avoir pas mal d'assurés qui nous appellent en disant : je ne comprends pas, normalement, je dois partir comme prévu à 62 ans.
Si Emmanuel Macron décidait de supprimer la réforme, ce serait trop tard pour faire demi-tour ?
On pourrait toujours faire demi-tour. Là-dessus, techniquement, on peut défaire ce que l'on a fait. Après, c'est compliqué pour les assurés et les équipes, mais on saurait faire techniquement.
Les syndicats de la Cnav redoutent des bugs ou des retards à l'allumage lors de la mise en place de cette réforme qui est prévue au 1ᵉʳ septembre prochain. Ils disent qu'ils ne seront pas prêts. Est-ce qu'ils ont raison de s’inquiéter ?
Ils ont raison d'être vigilants parce qu'effectivement, c'est un gros chantier technique et un gros chantier de formation. Pour que les experts puissent accompagner les assurés, encore faut-il qu'eux aussi soient formés et soient bien outillés. C'est un chantier qu'on a lancé. On est parfaitement sur le calendrier attendu, je partage pleinement leur vigilance, mais ce n’est pas une préoccupation.
Est-ce qu’il peut avoir des retards sur les versements de certaines retraites ?
Il n'y aura pas de retard à l'allumage ou pas de retard au versement. On est sur le calendrier qu'on avait prévu, qui est un calendrier un peu confortable parce qu'on met en œuvre le gros de la réforme début juillet dans nos outils. Ça nous fait deux mois d'avance. Si on calcule fin juillet une retraite pour le 1ᵉʳ septembre, le paiement le 9 octobre ne posera aucune difficulté. Après, c'est de l'informatique, c'est de la formation. On n'est jamais à l’abri. C'est pour ça que la vigilance est de mise à chaque instant. Mais à date, aucune alerte sur les calendriers. Je peux évidemment rassurer les Français.
Quelque 1 800 000 retraités actuels doivent bénéficier d'une revalorisation de leur pension. Ça concerne les petites retraites. Ils vont toucher en moyenne 70 euros de plus par mois. À partir de quand verront-ils cette somme sur leurs pensions de retraite ?
Dans tous les cas, ce sera automatique. Aucune démarche, pas de papiers à remplir. Il y aura deux vagues. La vague du 1ᵉʳ septembre, payée le 9 octobre pour tous ceux qui sont partis à la retraite il y a moins de dix ans. Pour savoir s’ils rentrent dans le champ, il faut qu'ils regardent leurs bulletins de pensions et qu'ils voient s'ils touchent le minimum contributif majoré. C'est une ligne qui est clairement indiquée. Ceux qui en bénéficient l’auront automatiquement parce qu'on sait déjà tout sur eux, notamment en termes de carrière. Ceux qui sont partis à la retraite il y a plus de dix ou quinze ans, sur lesquels on a des informations moins fines, il faut qu'on reconstitue ces informations. Ça va prendre quasiment un an. On est sur un horizon de versement plutôt à l'été 2024, avec une rétroactivité.
La réforme des retraites prévoit aussi d'étendre le dispositif carrières longues. Il faut prouver qu'on a commencé à travailler jeune, à 16, 17 ou 18 ans, par exemple. Qui doit chercher les vieilles fiches de paye ?
Le process est le suivant : j'ai le souvenir que j'ai travaillé. Je ne le vois pas sur mon relevé de carrière. Je recherche ma fiche de paie, je fais la fouille qui va bien dans le grenier. Si je ne la retrouve pas, je signale à ma caisse de retraite. On a gardé toutes les archives des employeurs, c'est-à-dire qu'on peut retrouver dans les archives, y compris papiers, des employeurs il y a 40 ou 50 ans, si l'employeur avait déclaré cette activité. Si jamais on ne le retrouve pas, c’est beaucoup plus difficile parce que c'est parole contre parole. Si on n'a pas eu de cotisations, que l'employeur n'a pas fait trace d'un contrat de travail, du coup, on va l'assimiler à du travail dissimulé, à du travail au noir qui n'ouvre pas de droit à la retraite.
À trois mois de l'entrée en application de cette réforme, beaucoup de futurs retraités ne savent pas ce qui les attend. Est-ce qu'on peut faire confiance à tous les simulateurs en ligne qui sont proposés depuis des semaines ?
Une confiance très, très modérée. Certains sont payants et pas nécessairement très fiables. Il y a aujourd'hui deux simulateurs officiels qui sont robustes, lassuranceretraite.fr et celui du Consortium des régimes. Le 7 juin, normalement, en tout cas dans les semaines qui viennent, on met à jour le simulateur. On le trouvera sur lassuranceretraite.fr ou si vous êtes un fonctionnaire sur le site du service des retraites de l'état. C'est le simulateur officiel donc chaque régime de retraite le met sur son site.
Est-ce que vous constatez, par exemple, une hausse des demandes de rendez-vous ou d'appels au standard de la Cnav ?
On le constate et d'ailleurs, c'est bien pour ça qu'à compter du 17 juin, on lance les rendez-vous de la retraite avec le régime complémentaire. Évidemment, on peut prendre rendez-vous tout le temps. Mais là, en une semaine, on concentre 50 000 rendez-vous. On prend rendez-vous en ligne, c'est très simple pour justement se renseigner sur sa carrière et sa réforme.
Êtes-vous sûr de pouvoir gérer l'afflux des demandes qu'il va y avoir cet été et à la rentrée ?
Oui, parce que les Français font confiance à la Cnav. Ils ont raison. Les dossiers de retraite continuent à arriver et aujourd'hui, on les traite de manière complètement normale. On ne craint pas d'avoir un afflux parce qu'on reçoit comme chaque mois, 60 000-70 000 dossiers de retraite.
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