Après l'écotaxe, quels dossiers explosifs attendent le gouvernement ?
Contraint de reculer sur ce dispositif à la suite de la mobilisation des agriculteurs bretons, l'exécutif n'en a pour autant pas terminé avec les sujets épineux.
Recule et re-recule. De l'affaire Leonarda à l'écotaxe en passant par la taxation sur les placements d'épargne, les dossiers sensibles s'enchaînent et se ressemblent pour le gouvernement Ayrault, qui sombre dans les "sables mouvants de l'impopularité", selon l'expression de France inter. Et le chemin de croix de l'exécutif socialiste n'est pas terminé. "Dans ce contexte, la moindre étincelle peut faire partir le pays en vrille", redoute l'un des leaders de l'aile gauche du PS, interrogé par francetv info. Petite liste non-exhaustive des prochains rendez-vous explosifs qu'il va devoir gérer.
La réforme des retraites au Sénat
Le chaotique parcours du texte commence par son vote à l'Assemblée, où il n'est adopté qu'avec les seules voix des socialistes - dont 17 s'abstiennent -, le Front de gauche votant notamment contre. Vient ensuite son rejet en commission des Affaires sociales du Sénat, le 23 octobre. Même s'il n'y a pas de suspense sur l'adoption, in fine, de la réforme des retraites, l'Assemblée ayant le dernier mot, le sujet risque de faire tache. En effet, les vingt élus du groupe communiste (CRC) au Sénat ont décidé de ruer dans les brancards.
"Après dix ans de droite, le gouvernement socialiste renonce à cette grande conquête du monde du travail. Nous ne pouvons nous résoudre à ce recul", tonnent les élus communistes. Estimant que le projet du gouvernement pénalise les jeunes et les salariés précaires, ils voteront contre le texte, qu'ils vont tout de même tenter d'amender. Or, le PS a besoin des élus CRC et des écologistes pour avoir la majorité au Sénat. Un échec annoncé qui mettra un peu plus en lumière les divisions de la majorité.
La taxe à 75% pour les clubs de foot pro
Alors que les dirigeants des clubs de football professionnels français sont mobilisés contre la taxe à 75%, jusqu'à menacer de faire grève fin novembre, François Hollande l'a redit : "La règle est la même pour tous." Avant d'ouvrir immédiatement une porte de sortie : "Cela n'exclut pas un dialogue sur un certain nombre de difficultés que peuvent rencontrer des clubs professionnels."
Le chef de l'Etat doit recevoir les présidents de la Fédération française de football et de la Ligue de football professionnel ainsi que six patrons de clubs à l'Elysée, jeudi 31 octobre dans l'après-midi. Ces derniers jouent notamment sur la corde sensible de l'emploi : 24 000 salariés et 1 000 joueurs vivent du foot professionnel, écrivent-ils. De quoi faire céder l'exécutif, malgré le soutien massif de l'opinion publique à cette mesure ?
Le maintien de sa majorité jusqu'aux municipales
Il y a d'un côté la gauche de la gauche : elle vote presque plus souvent avec l'opposition contre le gouvernement que l'inverse, comme sur le budget, et en a fait un positionnement stratégique. "Le gouvernement doit cesser sa politique à la petite semaine faite d'annonces et de reculades successives", fustige d'ailleurs un communiqué du PCF publié après la suspension de l'écotaxe. Seul petit répit pour les socialistes, les tensions internes entre les communistes et le Parti de gauche en vue des municipales, suffisamment fortes pour les occuper un temps.
De l'autre, les écologistes, qui se posent de plus en plus régulièrement la question de leur participation au gouvernement. Un sujet sensible qui sera au centre du congrès d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), prévu le 30 novembre à Caen. Son secrétaire national a été évincé après avoir tenté de lancer un ultimatum au gouvernement sur la transition énergétique. Ambiance.
Entre les deux, les élus socialistes tentent de faire bloc coûte que coûte, mais certains laissent transparaître leur blues.
Les plans sociaux et la courbe du chômage
Le moment de vérité s'approche dangereusement pour François Hollande. Le chef de l'Etat, qui s'est engagé à inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année, s'accroche à la "décélération évidente" de la hausse du nombre de demandeurs d'emploi, après le faux espoir de septembre et le bug de SFR.
Ce qui n'empêche pas les annonces de plans sociaux de pleuvoir. Usine Goodyear d'Amiens-Nord, abattoirs Gad, Florange, Virgin, volailler Doux, PSA, raffinerie Petroplus... chaque fois, le gouvernement, par la voix de François Hollande, Jean-Marc Ayrault ou Arnaud Montebourg, s'engage à "tout faire" pour réduire la casse. Au risque de devoir constater et de mettre en évidence, quelques mois plus tard, sa propre impuissance.
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