"Gilets jaunes" : six questions sur la prime de fin d'année annoncée par Emmanuel Macron
Le chef de l'Etat a demandé dans son allocution, lundi, "à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d'année à leurs employés".
C'est l'une des principales annonces de son allocution télévisée. Emmanuel Macron a demandé, lundi 10 décembre, aux entreprises de verser une "prime de fin d'année à leurs employés" sans impôts, ni charges, sur la base du volontariat. Le versement d'un bonus s'annonce toutefois difficile, selon plusieurs représentants patronaux, qui mettent en avant le contexte économique. Voici ce qu'on sait, à l'heure actuelle, de cette mesure.
Qu'a dit le chef de l'Etat, précisément ?
"Je veux qu'une vraie amélioration soit tout de suite perceptible. C'est pourquoi je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d'année à leurs employés, et cette prime n'aura à acquitter ni impôts ni charges."
A combien s'élèvera cette prime ?
Ce sera à chaque employeur d'en décider. A titre d'exemple, le géant de la publicité Publicis a annoncé, dès lundi soir, qu'il allait accorder une prime de 1 000 euros "à tous les collaborateurs du groupe en France dont la rémunération mensuelle est inférieure à 2 500 euros bruts". Dans son allocution, Emmanuel Macron n'a pas précisé si cette mesure serait plafonnée à 1 000 euros maximum par salarié, comme le réclamait la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Il n'y a pas de minimum non plus.
Quand cette prime sera-t-elle versée ?
Prime de fin d'année ou prime de début d'année prochaine ? En raison du faible délai d'ici les fêtes, les bénéficiaires pourraient devoir attendre plusieurs semaines avant de recevoir l'argent sur leur compte bancaire (ou sous forme de bons d'achat, comme l'a suggéré la présidente de l'association patronale Ethic, Sophie de Menthon, dans Le Figaro). Du côté de l'entreprise Altice, qui a promis, mardi, une prime de "1 000 euros à ses salariés", on ne donne pas de date. Le groupe de télécoms et de médias braque plutôt les regards vers le Parlement, où est actuellement étudié le projet de loi de finances 2019 : la prime sera versée "dès que le cadre légal et réglementaire précisant les modalités d'exonération des charges sociales et d'impôts sur le revenu aura été adopté".
Une certitude, confirmée par l'Elysée à franceinfo : il s'agit bien d'une prime exceptionnelle, qui ne pourra pas être versée de manière défiscalisée et désocialisée les années suivantes.
Qui pourra en profiter ?
Pas tout le monde. L'Elysée a précisé, lundi soir, à franceinfo, que les fonctionnaires ne bénéficieraient pas de cette prime. Les salariés du privé, eux, devront compter sur le bon vouloir et les capacités financières de leur employeur. "Là où ça va bien, on pourra faire un geste", a assuré le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, vendredi, sur France Inter, désignant "des secteurs qui se portent bien en France".
A l'inverse, peu d'espoir en vue pour les entreprises fragiles. "Prenez le commerce, qui subit la concurrence d'Amazon, qui souffre, et qui vient de vivre un mois catastrophique et pour qui malheureusement le mois de décembre sera une catastrophe, ça sera très difficile", selon le "patron des patrons".
Quel est l'intérêt pour les employeurs ?
Disant avoir "poussé" cette idée dès 2016, la CPME s'est dite "favorable", sur franceinfo, à cette mesure facultative. "C'est un levier de motivation très simple et très efficace" des salariés, selon son président, François Asselin. Les entreprises pourraient y trouver leur compte à moindre frais, grâce à la défiscalisation de la prime : "C'est quand même plus intéressant de donner 100 et que le salarié reçoive 100", plutôt que de devoir verser "150, voire 160" pour le même résultat, selon François Asselin.
Les entreprises qui versaient déjà des primes de fin d'année pourraient être tentées de profiter de cette mesure pour faire des économies, en ayant moins à débourser sans pénaliser leurs salariés. Patronne d'une PME dans les assurances, Julie Perier assure à franceinfo qu'elle ne s'inscrira pas dans cette logique d'"effet d'aubaine" : "Avec la défiscalisation, je vais verser plus que d'habitude : ça me motive, c'est une super bonne nouvelle."
Combien cette mesure va-t-elle coûter à l'Etat ?
Selon Le Parisien, le manque à gagner pour l'Etat, privé de recettes fiscales et sociales, s'élèvera "entre 200 et 500 millions d'euros". Le 4 décembre, lorsqu'il avait proposé une telle prime sur le plateau de BFMTV, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avait eu une autre lecture. Il avait assuré que cette mesure, qui "ne comptera pas pour [le calcul de] la retraite [des salariés]", ne coûterait "rien" à l'Etat. "Ça va même lui rapporter", avait-il ajouté, évoquant les gains de TVA provoqués par une éventuelle hausse de la consommation.
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