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Procès du crash du Rio-Paris : Air France rejette toute forme de responsabilité dans le crash

À la cinquième semaine du procès sur le vol du crash Rio-Paris, Air France a subi mercredi son premier jour d'interrogatoire.

Article rédigé par Aurélien Thirard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un panneau indique où se trouve la salle d'audience du procès du crash du vol Rio-Paris, dans le hall du tribunal correctionnel de Paris, le 10 octobre 2022. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA)

Air France est jugé avec Airbus pour homicides involontaires. L'accident sur le vol Rio-Paris en juin 2009 avait coûté la vie à 228 personnes. Premier jour d'interrogatoire pour la compagnie mercredi 9 novembre au tribunal correctionnel de Paris. À la barre le représentant d'Air France rejette toute forme de responsabilité dans le crash.

Pendant près de cinq heures, Pascal Weil ancien pilote, instructeur d'Air France a répondu aux questions de la présidente et de ses assesseurs. Âgé de 63 ans, à la retraite depuis deux ans, cet ancien cadre de la compagnie, se montre à l’aise, parfois trop. Rapidement recadré par la juge, qu'il interrompt à plusieurs reprises. "Pardon je vais vous céder la parole", ose-t-il.

"Pas une question de moyens"  

Il est reproché à Air France de ne pas avoir assez informé et formé ses pilotes sur le givrage des sondes de vitesse Pitot, à l'origine du crash. La formation initiale des pilotes ? Elle n'est "pas du ressort de la compagnie", assure-t-il. "Et de toute façon on ne forme pas à toutes les pannes, c'est impossible." La présidente le relance : "N'était-ce pas important d'inclure cette panne sur les sondes dans vos simulateurs ?" "Je n'aurai pas l'outrecuidance de dire qu'Air France a tout bien fait, mais la formation que nous donnions avant le crash me semblait valide", rétorque-t-il. 

Alors est-ce "à cause des coûts engendrés par la mise en place d'un nouveau programme de formation qu'Air France n'a pas jugé utile de former ses pilotes ?", demande la présidente. "Ca n'a jamais été un sujet, jamais" .

La question du coût, à nouveau mise sur le tapis par un des juges assesseur : Pourquoi ne pas avoir changé avant le crash de modèle de sonde de vitesse, pour d'autres qui ne givrent pas en haute altitude ? " Sincèrement, profondément, ça n'a jamais été une question de moyens".

Piques voilées lancées à Airbus

Son propos est encore très feutré vis-à-vis de l’avionneur. Il y a bien quelques piques contre Airbus, mais encore à fleuret moucheté. "Airbus précisera", glisse l'air de rien celui qui ne veut "pas critiquer Airbus""Vous le pouvez", le coupe la juge.

Alors il regrette l'apparition dans les avions de cockpits trop riches en informations. Des informations qui ont pu saturer l'esprit des pilotes juste avant l'accident. Le représentant d'Air France rappelle aussi que lors des mois qui ont précédé le crash, "on a augmenté notre pression sur nos questions à Airbus". "La compagnie, dit-il, voulait savoir s'il fallait changer ces sondes défectueuses en cas de givre". Pas de réponse d'Airbus.

Mais la vraie joute entre les deux sociétés commencera jeudi, lorsque l'avocat de l'avionneur posera ses questions au représentant de la compagnie aérienne. Un moment très attendu par les proches des victimes, seuls une vingtaine d'entre eux ont assisté à l'audience mercredi. 

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