Pénurie de carburant : légère avancée des négociations chez ExxonMobil, nouveaux blocages chez TotalÉnergies
Les appels à trouver une issue au conflit se sont multipliés, y compris de la part d'Emmanuel Macron en personne. Mais la grève se poursuit dans deux raffineries et un dépôt de carburant de TotalÉnergies ainsi que dans deux raffineries d'ExxonMobil.
Le gouvernement a accentué tard lundi soir la pression sur les syndicats et les directions des raffineries bloquées pour qu'ils négocient, alors que la CGT a reconduit son mouvement de grève pour mardi 11 octobre. Elle doit même s'étendre à au moins une quinzaine de stations-service Total situées sur les autoroutes ou dans les grandes agglomérations.
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Un accord chez ExxonMobil
La situation connaît cependant une légère avancée chez ExxonMobil où un accord a été trouvé lundi soir entre la direction et deux syndicats. Il aura fallu un dernier geste de la direction pour convaincre la CFDT de signer aux côtés de la CFE-CGC : la promesse d'une prime mobilité de 750 euros qui s'ajoute aux hausses de salaires et à la prime de partage de la valeur déjà annoncées précédemment pour 2022 et 2023. Concrètement, cette prime mobilité sera versée sur la paye de novembre des 2 500 salariés, qu'il y ait ou pas levée de la grève d'ici là.
Les deux syndicats signataires représentent plus de 50% des voix des salariés d'ExxonMobil France. Mais ils se gardent bien toutefois d'un quelconque pronostic surune levée des blocages, d'autant que les deux autres, CGT et FO, soutiennent à l'inverse la poursuite du mouvement. Au final, la réponse reviendra aux salariés des raffineries de Gravenchon en Seine-Maritime et de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. De nouveaux votes sont organisés mardi. Lundi, entre 150 et 200 salariés non-grévistes, majoritairement des cadres, ont manifesté devant les grilles de l'usine de raffinage ExxonMobil à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime). Une "provocation cautionnée par la direction", a dénoncé la CGT.
Dialogue de sourds chez TotalÉnergies
En revanche, côté TotalÉnergies, aucune avancée. Et même un vrai dialogue de sourds entre la direction et la CGT avec des positions complètement figées. D'un côté la direction conditionne l'ouverture de négociations salariales à la suspension de la grève et refuse donc pour le moment d'avancer la moindre proposition concrète. Et de l'autre côté, la CGT dénonce ce qu'elle considère comme une atteinte au droit de grève. Elle estime même que les négociations doivent se dérouler sous le contrôle des salariés grévistes. Chacun accuse l'autre de chantage et se renvoie donc publiquement la responsabilité du blocage.
Pourtant, Patrick Pouyanné, le directeur général de Total, a dirigé la branche Raffinage et Pétrochimie pendant plusieurs années avant de devenir le patron du groupe. Il connait donc par cœur la puissante CGT Énergie et il sait qu'il est obligé de traiter avec elle pour trouver une issue. Abreuvé de textos de la part de l'exécutif tout le week-end et d'échanges multiples avec la Première ministre Élisabeth Borne, il ne tardera sans doute pas à faire une offre à la CGT, croit savoir un observateur averti. Mais pas sous la pression, et pas selon les conditions imposées par le syndicat.
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La menace de réquisitions
François Asselin, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CPME), a appelé mardi sur franceinfo à la "réquisition" des salariés grévistes pour faire fonctionner les dépôts et les raffineries et assurer l'approvisionnement des stations-service en carburant. Il a demandé aussi l'utilisation des réserves de gazole non-routier (GNR).
Mais à ce stade, et même si le mot "réquisitions" a été prononcé lors d'une réunion tardive à Matignon entre la Première ministre et quatre ministres lundi soir, elles semblent totalement hors de propos, selon plusieurs sources. Débloquer la situation par la force aurait pour effet de se fâcher avec un puissant syndicat que l'on préfère voir à ses côtés pour réalimenter les stations-service dans les meilleures conditions.
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