: Vidéo Carburants. "Des semaines, des mois, voire des années" : pourquoi "la grève peut durer éternellement"
Situés en Normandie, les sites de Notre-Dame-de-Gravenchon pour Esso ExxonMobil et de Gonfreville-l’Orcher pour Total, bloqués par un mouvement de grève, représentent à eux deux plus de 40% de nos capacités de production de carburant. "Envoyé spécial" a voulu approcher d'un peu plus près ces raffineries qui mettent la France à cran. Combien de temps la grève peut-elle durer ?
Il y a trois semaines, c'est d'ici, à Gravenchon, qu'est parti le mouvement qui s'est ensuite étendu à toute la France. Sur les 1 900 salariés, moins de 200 seraient en grève, selon les syndicats. Mais ils occupent souvent des postes stratégiques. Alexandre Vincent, 36 ans, est technicien chez Exxon. Depuis sa salle de contrôle, on ouvre et on ferme des vannes pour expédier les produits finis.
Au moment de ce tournage d'"Envoyé spécial", les pompes sont à l'arrêt, plus rien ne sort des vingt cuves qui contiennent chacune 50 000 litres de carburant. Alexandre fait partie des grévistes qui réclament 6% d'augmentation et 6 000 euros de prime, en compensation, notamment, de l'inflation. Pourtant, il est présent sur le site : la direction de la raffinerie l'a mobilisé pour assurer la surveillance des installations. Il continue donc à percevoir son salaire.
Des opérateurs grévistes mais rémunérés
Des opérateurs grévistes, mais rémunérés pour assurer la sécurité du site : "Envoyé spécial" a découvert que cette situation était la même dans de nombreuses raffineries à l'arrêt, chez Total comme chez Exxon. A Gonfreville, ce jour-là, 70% à 80% de l'effectif de l'après-midi (le travail est organisé par quarts, avec trois équipes qui se relaient toutes les huit heures) sont en grève, explique David Guillemard, délégué CGT. Mobilisés pour garantir la sécurité de installations, ils sont totu de même présents sur le site... donc rémunérés.
Si les revendications ne sont pas satisfaites, "la grève peut donc continuer éternellement : des semaines, des mois, voire des années...", affirment les syndicalistes. "C'est pour ça, ils [la direction] ont tout intérêt à vouloir discuter avec nous." Sur les cinq sites de TotalEnergies, le mouvement a été reconduit ce vendredi 14 octobre. Interrogée sur ce point qui explique peut-être pourquoi le conflit s'est enlisé, la direction de Total n'a pas répondu à "Envoyé spécial."
Extrait de "Carburants : le mauvais coup de pompe", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 13 octobre 2022.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.