Pénurie de cars scolaires : dans le Nord, 400 chauffeurs manquent à l'appel pour la rentrée
Le secteur des cars scolaires fait face à une importante pénurie de conducteurs : il manque environ 8 000 chauffeurs sur l'ensemble du territoire pour assurer toutes les liaisons. 2 millions d'élèves utilisent ce moyen de transport chaque jour et 20% d'entre eux pourraient être touchés si la situation n'évolue pas.
Y aura-t-il suffisamment de cars scolaires à la rentrée pour amener tous les élèves de France à l'école ? C'est la question qui risque de se poser en septembre. 8 000 chauffeurs manquent sur l'ensemble du territoire : c'est le cas dans Hauts-de-France, où il manque au moins 400 chauffeurs.
Sur la centaine de chauffeurs de la compagnie Delgrange basée dans le Nord, plus d'une vingtaine est partie depuis le Covid-19 : "Certains sont partis dans le transport de marchandises, d'autres en ont profité pour changer complètement de métier", explique Mathilde Vincent, la responsable ressources humaines de l'entreprise. Aujourd'hui, il lui manque encore cinq chauffeurs pour assurer la rentrée. Les départs sont nombreux, car le métier n'attire plus. Le principal problème reste les coupures dans la journée.
"Quelqu'un qui fait du transport scolaire va démarrer sa journée à 6h30 et la terminer vers 9h30. Il va rentrer chez lui, pour reprendre vers 15h30 pour terminer vers 19h."
Mathilde Vincentà franceinfo
Un temps partiel, en moyenne 24 heures de travail par semaine, avec un salaire de 11,15 euros de l'heure. "On ne peut pas vivre sereinement avec un salaire aussi bas", affirme Mathilde Vincent.
Puisque le préavis pour démissionner est seulement de deux semaines pour les conducteurs, les compagnies s'attendent à de possibles départs supplémentaires en septembre. Alors pour assurer l'activité scolaire, certaines PME confient mettre de côté leur activité touristique, d'autres essayent de convaincre les jeunes. "On a notamment recruté des débutants conformes, développe Mathilde Vincent. On a essayé aussi d'améliorer nos conditions de travail, nos conditions de rémunération. Il faut rendre le métier attractif : il y a la partie en entreprise où on a la main, mais il faut qu'un travail soit fait au niveau national."
10% de chauffeurs risquent de manquer
Dans les Hauts-de-France, 210 000 enfants sont transportés chaque jour. Pour la rentrée, certains pourraient se retrouver sans solution, alerte Franck Dhersin, le vice-président aux transports de la région. "On a peur de manquer d'à peu près 10% de chauffeurs, donc sur certaines lignes, il n'est pas impossible qu'il y ait des manquements à la rentrée", indique-t-il.
"C'est aussi un travail qu'on doit faire avec les proviseurs de collèges et de lycées, de manière à ce qu'il n'y ait pas de sortie d'élèves trop espacées l'après-midi, parce qu'on ne peut pas multiplier les courses."
Franck Dhersin, vice-président aux transports de la région Hauts-de-Franceà franceinfo
À une semaine de la rentrée, une revue très précise des effectifs sera faite avec les professionnels du secteur. D'ici là, la région investit plus de 3 millions d’euros pour former les nouveaux conducteurs, mais cela prend du temps, et elle en appelle aussi au soutien de l’Etat. "Pour l'instant, on n'obtient rien de concret, simplement 'oui on vous comprend, oui on va faire quelque chose', assène Franck Dhersin. Mais concrètement, il n'y a aucune mesure en matière de transports publics qui ait été pris par le gouvernement."
De son côté, le ministère des Transports assure qu'il reste mobilisé sur cette question.
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